Saturday, May 04, 2013

Un tyran sur le divan

Vladimir Poutine est filmé par un journaliste allemand. Un portrait surréaliste.

Une limousine file dans la nuit moscovite. À son bord, Vladimir Poutine énumère les monuments dans un allemand irréprochable. Oublié, le président raide comme un piquet et le visage fermé des sommets internationaux, voici l'homme fort du Kremlin décontracté. Moi, Vladimir Poutine, diffusé ce dimanche sur France 5, offre plusieurs scènes de cet acabit. Pendant plusieurs semaines, le journaliste allemand Hubert Seipel a suivi le dirigeant russe.

Retraçant l'ascension éclair du protégé de Boris Eltsine, devenu premier ministre en 1999 après une carrière d'officier de renseignement, le documentaire devient fascinant quand il s'attarde sur son enfance au sein d'une famille éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Ou sur son obsession sportive, découlant d'un besoin de s'imposer « pour régner sur la meute », d'après l'intéressé lui-même.

Même si le principe du film suppose un fort degré d'empathie, Hubert Seipel tente d'aborder avec son interlocuteur sa part d'ombre : la Tchétchénie, l'incompréhension avec l'Occident, le bras de fer avec les oligarques. Ce portrait à gros coups de brosse montre Poutine sous toutes ses facettes : charmant, faussement naïf, avant de partir dans un éclat de rire jaune glaçant et de redevenir intraitable. À l'image de cette séquence où, venu sauver une usine au bord de la fermeture, il épingle l'un des partenaires sociaux n'ayant pas signé l'accord de sauvegarde, puis une fois le paraphe obtenu, réclame d'un ton réfrigérant qu'on lui rende son stylo. L'homme ne tombe jamais vraiment le masque. Comme tout bon espion qui se respecte.

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