À la recherche des enfants perdus
À la recherche des enfants perdus
Fugues, enlèvements parentaux, kidnappings : 48 000 mineurs
disparaissent chaque année en France. Une enquête de Gilles de Maistre.
C'est le cauchemar de tout parent : perdre la trace de son enfant, découvrir
après un instant d'inattention qu'il s'est volatilisé. 48 000 mineurs
disparaissent en France chaque année. Il y a la poignée de cas mystérieux qui
font la une des médias, comme celui d'Estelle Mouzin qui vient de rebondir, mais
aussi des milliers de fugues, sans oublier les enlèvements parentaux à
l'occasion d'une séparation qui tourne mal. C'est dans ce monde trouble et
douloureux aussi bien pour les familles que pour les enquêteurs qu'a plongé, des
mois durant, Gilles de Maistre avec Alerte enfants disparus, diffusé ce
mardi sur France 2.
Malgré le sujet, pas de pathos dans ce documentaire qui chronique avec retenue, en essayant d'être le moins intrusif possible, l'angoisse des familles, le travail de fourmis des enquêteurs et des associations qui prennent le relais. Désireux de mettre en lumière « ces combats au jour le jour », Gilles de Maistre a côtoyé le quotidien de la brigade de protection des mineurs (BPM). Qu'il s'agisse de récupérer une bande d'enfants en fugue d'un foyer ou de retrouver un bébé kidnappé par sa mère SDF et alcoolique, c'est une même urgence : audition des proches, géolocalisation des portables, travail de porte-à-porte, patrouille dans le quartier.
Un cycle usant, pesant, personne ne fait toute sa carrière à la BPM où on est tour à tour « psy, flic, assistante sociale », comme résume l'un de ses 90 agents. Comment parler à ces enfants en souffrance, qui partent de chez eux, quitte à errer dans les rues, surtout s'ils sont récidivistes ? Il faut gérer les sautes d'humeur, les craintes de ces petits poucets comme la colère et l'inquiétude de leurs proches. « Cela fait quatre fois qu'on te voit, tu ne crois pas que c'est grave ? » « Le foyer, c'est mieux que la rue, un jour tu auras de gros problèmes. » Au détour de ces phrases transparaissent l'émotion et la fermeté des policiers, éprouvés par la réalité crue de leurs enquêtes.
Même sensibilité lorsque Alerte enfants disparus suit une association d'assistance aux familles chargée de retrouver Tiphaine. Cette adolescente belge s'est enfuie en France, il y a sept mois, parce que ses parents avaient rejeté sa relation avec son petit ami, James. Au moment des retrouvailles, pas de happy end. Les critiques, l'incompréhension de part et d'autre sont toujours aussi dures.
Alerte enfants disparus explore aussi les zones d'ombre, les dilemmes éthiques. Alors que le nombre de couples binationaux a explosé, c'est aussi le cas des rapts post-divorce au cours desquels un conjoint emmène l'enfant dans son pays d'origine. À bout, certains sont tentés de monter un contre-enlèvement et font appel à des professionnels pour les aider à récupérer leur bambin.
On ne sort pas indemne de l'enquête de Gilles de Maistre. Alors que l'on a tendance à baisser les yeux, à oublier les visages de ces familles sitôt évaporés des médias, son documentaire rappelle leur calvaire. Il nous interroge aussi sur la fragilité de la vie et de notre sanctuaire le plus sacré et le plus intime : le foyer.
Malgré le sujet, pas de pathos dans ce documentaire qui chronique avec retenue, en essayant d'être le moins intrusif possible, l'angoisse des familles, le travail de fourmis des enquêteurs et des associations qui prennent le relais. Désireux de mettre en lumière « ces combats au jour le jour », Gilles de Maistre a côtoyé le quotidien de la brigade de protection des mineurs (BPM). Qu'il s'agisse de récupérer une bande d'enfants en fugue d'un foyer ou de retrouver un bébé kidnappé par sa mère SDF et alcoolique, c'est une même urgence : audition des proches, géolocalisation des portables, travail de porte-à-porte, patrouille dans le quartier.
Un cycle usant, pesant, personne ne fait toute sa carrière à la BPM où on est tour à tour « psy, flic, assistante sociale », comme résume l'un de ses 90 agents. Comment parler à ces enfants en souffrance, qui partent de chez eux, quitte à errer dans les rues, surtout s'ils sont récidivistes ? Il faut gérer les sautes d'humeur, les craintes de ces petits poucets comme la colère et l'inquiétude de leurs proches. « Cela fait quatre fois qu'on te voit, tu ne crois pas que c'est grave ? » « Le foyer, c'est mieux que la rue, un jour tu auras de gros problèmes. » Au détour de ces phrases transparaissent l'émotion et la fermeté des policiers, éprouvés par la réalité crue de leurs enquêtes.
Même sensibilité lorsque Alerte enfants disparus suit une association d'assistance aux familles chargée de retrouver Tiphaine. Cette adolescente belge s'est enfuie en France, il y a sept mois, parce que ses parents avaient rejeté sa relation avec son petit ami, James. Au moment des retrouvailles, pas de happy end. Les critiques, l'incompréhension de part et d'autre sont toujours aussi dures.
« L'atroce incertitude »
Gilles de Maistre n'oublie pas non plus les familles d'enfants évanouis dans la nature depuis plusieurs années sans qu'aucune piste ne se soit jamais dessinée, comme dans l'affaire Mouzin. Son père raconte « l'atroce incertitude » de ne pas savoir ce qu'a vécu sa fille et son combat pour une justice plus à l'écoute des proches.Alerte enfants disparus explore aussi les zones d'ombre, les dilemmes éthiques. Alors que le nombre de couples binationaux a explosé, c'est aussi le cas des rapts post-divorce au cours desquels un conjoint emmène l'enfant dans son pays d'origine. À bout, certains sont tentés de monter un contre-enlèvement et font appel à des professionnels pour les aider à récupérer leur bambin.
On ne sort pas indemne de l'enquête de Gilles de Maistre. Alors que l'on a tendance à baisser les yeux, à oublier les visages de ces familles sitôt évaporés des médias, son documentaire rappelle leur calvaire. Il nous interroge aussi sur la fragilité de la vie et de notre sanctuaire le plus sacré et le plus intime : le foyer.
Labels: le figaro.fr
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