Wednesday, October 20, 2004

La production de la Logan au Maroc, une menace pour la France ?

[Philippe Muddry] Cet article reste un bon souvenir même s'il y a avait encore et toujours des problèmes de plan et de constructions flagrants et que c'était en économie! Tout d'abord parce que cela m'a permis de connaître Fabienne! Puis, on a quand même bien rigolé en poursuivant les gens de la com' de Renault, les journalistes du Parisien et Courrier de Mantes qui nous disait qu'on ne devait pas hésiter à leur refiler des tuyaux si on avait des news plus fraîches qu'eux^^ et le leader CGT de Flins sans compter nos appels de détresse desesperés vers le Maroc avant que le ministère de l'industrie nous réponde! Dernière annecdote: notre article était basé sur un encart du Parisien-Aujourd'hui en France qui annoncait que la décision de produire au Maroc avait voler à Flins l'obtention d'un second modèle... Réponse de la CGT: "Oh ce journaliste, on le connaît bien et il est très sympa mais quelques fois qu'est-ce qu'il fabule pour obtenir un joli titre!" d'où le fait que notre papier fut basé sur un petit mytho ^__<




Renault compte commercialiser la Logan en Europe de l’ouest mais ne la produira qu’au Maroc et dans quatre autres pays émergents. Cette annonce inquiète les concurrents de Renault, mais aussi certains salariés de l’entreprise.


Rentrée difficile pour les constructeurs automobiles européens. Le groupe automobile américain General Motors qui possède les marques Opel, Saab et Vauxhall a annoncé vendredi dernier le licenciement de 12 000 employés européens soit 20% de l’effectif total.. Dans ce contexte morose, la direction de Renault a confirmé sa décision de ne pas fabriquer les Logan destinées au marché européen à l’usine de Flins dans les Yvelines et d’ouvrir un second site de production de la Logan, la L90, au Maroc. Cette double annonce a suscité des protestations de la CGT à Flins. Pessimiste, le syndicat redoute sur le long terme que cette implantation au Maghreb ait des conséquences néfastes sur l’avenir du site.

Flins entame une phase de transition délicate qui la rend plus vulnérable. Les deux « filons d’or » de l’usine, tous deux en entrée de gamme, s’épuisent : la Clio et la Twingo sont en fin de vie. Les chiffres de production sur huit mois témoignent de ce fléchissement. En 2004, 113 000 Clio et 59 050 Twingo sortaient de Flins contre respectivement 125 000 et 78666 en 2003. Cette diminution de l’activité inquiète Jules Courtat, responsable CGT de Flins. Pour lui, le devenir de l’usine est menacé tant que Renault refuse de donner le feu vert à la fabrication de la Logan ou d’un tout autre modèle, qui permettrait de remédier à la disparition de la Twingo en 2006.

Selon lui, le déclin des modèles actuellement produits est incompatible avec l’embauche de nouveaux salariés particulièrement souhaitable dans un bassin d ‘emplois touché par un chômage de longue durée, qui affecte entre 27% et 40% de la population active. Mais pour la direction, représentée par Jean-Christophe Nougaret, comme pour Force Ouvrière, la requête de la CGT est irréaliste. L’usine de Flins n’est pas adaptée à la « philosophie » du projet Logan, qui se veut une voiture bon marché. Produire à Flins supposerait une multiplication des frais de Renault et une hausse du prix de vente. Remplacer les lignes de montage et la plate forme existante coûterait plus cher que les 22 millions d’euros investis dans la Somaca. Autre objection, le coût de la main d’œuvre française, 1300€ brut par ouvrier. En comparaison, un ouvrier marocain est payé 200€, ce qui permet une utilisation intensive de la main d’œuvre et une robotisation minimale. Les coûts de montage sont réduits. Seules la tôlerie et la peinture seront réalisées au Maroc. Les pièces comme le moteur seront produites en Roumanie et expédiées au Maroc sous forme de kits. Cela permet de vendre la Logan à un prix très compétitif de 70 000 dirhams (soit 6400€), pour une voiture conforme aux normes européennes. Le ministère de l’industrie marocain y voit deux conséquences positives : un développement important du tissu industriel, par des embauches supplémentaires à la Somaca et à Renault Maroc, et un essor de la sous-traitance automobile. La Logan ouvre aussi des perspectives d’exportation en Tunisie, Jordanie et bientôt en Algérie. La moitié de la production, soit 15 000 véhicules, sera écoulée sur ces marchés.

En France, ce potentiel d’exportation alarme les syndicats. Alors que les Logan réimportées en France au prix plus élevé de 7500€ viendront de Roumanie, l’ouverture du site marocain a ravivé le spectre de la délocalisation. La CGT s’inquiète de la concurrence que la Logan, véhicule d’entrée de gamme, pourrait faire aux productions de Flins.

Cependant, la direction de Renault et FO réfutent cette analyse. Renault a une longue tradition d’investissements à l’étranger comme les sites de Bosphat en Turquie et de Palencia en Espagne, qui produisent Megane et Clio, exportées ensuite sur les marchés européens. Or l’existence de ces usines n’a porté aucun tort aux usines françaises. Dans le cas de la Logan, il n’y aura pas de fermeture d’usines en France. L’usage par la CGT du mot « délocalisation » est donc perçu comme une exagération : pour Renault et FO, la « coexistence pacifique » entre la Somaca et Flins est possible.

En effet, la Logan est une voiture créée en priorité pour les pays émergents. Elle a été prévue pour y être fabriquée et commercialisée. La vente de Logan en France, annoncée par Louis Schweitzer, PDG de Renault, sera donc très marginale : quelques milliers de Logan seulement devraient être proposées sur notre marché, contre 300 000 en Iran. En fait, cette commercialisation en France n’était pas prévue initialement et relève plus d’une opération marketing. Les Marocains, Roumains et les autres clients des pays émergents ne voudraient pas d’une voiture de conception européenne, qui ne serait pas commercialisée en Europe de l’ouest. Pour Renault, il s’agit avant tout d’assurer l’image de la Logan dans ces pays.
Cette commercialisation vise aussi à empêcher les réimportations parallèles de la Logan en France par des concessionnaires d’Europe de l’est. La vente de la Logan en France pourra être étendue si la voiture connaît un grand succès, mais ce n’est pas, à l’heure actuelle, le projet de Renault.

Pour l’instant, comme le souligne prudemment le service des communications de Renault, le succès de la Logan en France est incertain. La Logan ne concurrence pas la Twingo et la Clio, contrairement aux craintes de la CGT. Cette voiture à bas prix s’adresse en effet à un public différent de celui des voitures d’entrée de gamme de Renault et sa taille, qui est celle d’une berline, est peu adaptée à l’univers citadin. En fait, la Logan rejoint plus les préoccupations des familles, tandis que Clio et Twingo sont très prisées des couples et des citadins. De plus, la Logan a des niveaux d’équipement bien inférieurs à ceux recherchés actuellement par les Français. La Logan à 7 500€ n’est donc pas en position de menacer la Twingo, dont le premier prix est de 8 000€.

La Logan est certes un projet ambitieux, mais les répercussions en France de sa fabrication au Maroc devraient être limitées. Les salariés de Renault-Flins sont finalement peu inquiets pour l’avenir de leur usine, qui a de nombreux atouts. Créée en 1952, c’est l’usine Renault française la plus proche de Paris et elle bénéficie de voies de communication idéales : elle est à proximité de l’autoroute A13 et de la Seine. L’avenir de l’usine est confirmé par la direction de Renault qui prévoit l’embauche de salariés pour l’année prochaine. En 2005, 260 salariés devraient être embauchés à Flins, contre 242 cessations d’activité des salariés âgés et quatre suppressions de postes. Cette tendance à l’embauche se vérifie au niveau national : Renault va recruter 3 052 personnes en 2005.

Et, à Flins, des équipes travaillent déjà sur la nouvelle Renault, encore désignée sous le nom de code X85. Ce projet devrait remplacer la Clio et compenser la fin de production de la Twingo. Les salariés de Renault, auxquels la voiture a déjà été présentée lors d’un comité d’entreprise, misent beaucoup sur X85. Renault a engagé de grands travaux dans l’usine pour préparer Flins à fabriquer cette nouvelle voiture, actuellement en phase de préproduction. Et les chantiers sont très variés : relocalisation d’un centre de préparation logistique sur un espace de 13 000 mètres carrés, réhabilitation de surfaces dans divers services… La direction de Renault n’a pas souhaité communiquer les chiffres de l’investissement, mais l’ensemble paraît considérable. A l’usine Renault-Flins, l’avenir ne se dit pas Logan mais X85 !

Fabienne Bouloc et Constance Jamet

Nombre de signes : 7422.

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