Tuesday, August 07, 2012

Cuba, le paradis perdu de la mafia

Cuba, le paradis perdu de la mafia

Pilier de la dictature de Batista, la pègre nord-américaine réussit dans les années 1950 à transformer l'île en État mafieux.

Musique, voitures américaines rutilantes, plages idylliques. À ces incontournables du tourisme cubain, il fallait ajouter dans les années 1950 une face plus sombre et décadente : casinos, drogue, prostitution et gangsters new-yorkais. Arte revient ce mardi soir sur les liens méconnus entre la dictature de Batista et la pègre nord-américaine qui transforma l'île en État mafieux.
S'appuyant sur l'enquête de l'écrivain Enrique Cirules, « Cuba, Batista et la mafia » rappelle que cette page de l'histoire cubaine s'est écrite aux États-Unis avec l'afflux au début du XXe siècle d'immigrés italiens, irlandais et russes. Considérés comme des parias par la majorité protestante, certains se lancent dans les trafics. Parmi ses parrains, le patron de la Cosa Nostra, Lucky Luciano, et le chef de la Kosher Nostra, Meyer Lansky, ambitionnent de révolutionner la pègre en l'érigeant en une industrie prospère et légale. Leur laboratoire sera Cuba.

Atmosphère déliquescente

Plaque tournante du trafic d'alcool vers les États-Unis, les jeux de hasard y sont autorisés. Lansky, fréquent visiteur de La Havane et de son élite, se lie avec Fulgencio Batista, à la tête de la junte qui renverse le gouvernement en 1934. Lansky obtient le droit d'opérer une série de casinos, dont Batista et ses proches reçoivent une portion des bénéfices. La connivence est telle que c'est Lansky lui-même qui pousse Batista à revenir au pouvoir en 1952.
Le coup d'État qui s'ensuit marque l'âge d'or de l'État mafieux à Cuba, qui devient « le bordel des États-Unis ». 100 000 prostituées exercent à La Havane à la veille de la révolution castriste de 1959 qui balayera cet empire.
À l'aide d'images d'archives, de témoignages et d'extraits de film, les réalisateurs Bernhard Pfletschinger et Hans-Peter Weymar redonnent vie à l'atmosphère déliquescente de l'époque. Pour le plus grand plaisir des amateurs du genre, leur documentaire chronique avec minutie les règlements de comptes entre truands appâtés par le gâteau cubain.
« Cuba, Batista et la mafia » offre aussi un rare regard sur la misère des campagnes cubaines et illustre les liens complexes de l'île avec les États-Unis, dont elle fut pratiquement une colonie. Jusqu'à l'acte final surprenant, où armée américaine et mafia ont joint leurs forces dans le fiasco de la baie des Cochons pour tenter de renverser Fidel Castro.

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