« Les Rois maudits » reprennent les armes
« Les Rois maudits » reprennent les armes
Le feuilleton adapté de la saga de Maurice Druon, qui tint en
haleine les Français à l'hiver 1972, est diffusé dans une version restaurée.
Interprétation romanesque de la disparition des Capétiens et des débuts de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre, Les Rois maudits s'ouvrent en 1314. Rien ne semble pouvoir menacer la puissance de l'austère Philippe le Bel : la France est le pays le plus influent d'Europe, ses trois fils garantissent l'avenir de la dynastie et le « Roi de Fer » vient d'écraser les Templiers, condamnant au bûcher son grand maître, Jacques de Molay. Cerné par les flammes, il maudit le pape et le souverain « jusqu'à la treizième génération » et prédit leur mort dans l'année.
Cercle infernal
Mais si la prophétie se réalise, il ne faut pas y voir la main de Dieu mais celle de Robert d'Artois. Privé de ses terres au profit de sa tante Mahaut, mère de deux des belles-filles de Philippe, sa soif de vengeance est inextinguible. Le noble au pourpoint de sang piège les épouses des fils du roi. Les sachant infidèles, il les compromet avec l'aide de la fille de Philippe le Bel, Isabelle, épouse malheureuse du roi d'Angleterre.Empoisonnements, rivalités entre princes, substitution d'enfants... rien ne peut enrayer le cercle infernal qui va plonger les deux rives de la Manche dans des décennies de turpitudes politiques. L'intrigue haletante de Druon fait de simples messagers, comme Guccio Baglioni, des acteurs involontaires des catastrophes à venir. Les images floues et le prologue, qui présente un à un les personnages, trahissent les quarante ans de la fiction. Mais cette introduction un peu désuète se révèle redoutable pour identifier la myriade de personnages et impose la vision théâtrale de Claude Barma.
Privilégiant une mise en scène spartiate, le réalisateur a tourné dans des décors de toiles peintes. L'impression d'assister à une tragédie classique est d'autant plus vive que la distribution des Rois maudits fait la part belle à la fine fleur de la scène de l'époque - Jean Piat (Robert d'Artois), Geneviève Casile (Isabelle de France), Hélène Duc (Mahaut d'Artois) - et restitue le verbe exigeant de Maurice Druon, dont certains dialogues font penser à des alexandrins. De quoi incarner avec force ce Moyen Age mal-aimé des historiens et peu montré à la télévision, qui n'a rien à envier aux intrigues de cour des Tudors ou de la Révolution.
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