Le nucléaire, une religion d'État
Depuis cinquante ans, la France bâtit sa politique
énergétique sur l'atome. Réquisitoire sur une fascination que ni Tchernobyl ni
Fukushima n'ont ébranlée.
En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées »,
claironnait un célèbre slogan officiel après le choc pétrolier de 1973. On avait
surtout une idée fixe et un remède miracle, le nucléaire, dénonce Frédéric
Biamonti. Le documentariste livre ce vendredi un réquisitoire ardent contre
cette fascination intitulé Nucléaire, exception française. Malgré les
catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, la France reste le pays le plus
nucléarisé au monde. Ses 58 réacteurs assurent 74 % de notre approvisionnement
en électricité.
Cette passion nationale s'explique, estime Frédéric Biémonti, par la relation privilégiée de la France avec l'atome. De Becquerel aux Curie, la recherche hexagonale a toujours été en pointe dans ce domaine, qui lui a rapporté trois prix Nobel. S'est ensuite greffée une dimension politique inextricable.
Dans la France humiliée de l'après-Seconde Guerre mondiale, le nucléaire est considéré comme un moyen de s'affirmer sur la scène internationale. De Gaulle suit de près l'élaboration de la bombe atomique. Les filières militaire et civile du nucléaire deviennent indissociables et sont élevées au rang de fiertés nationales. Lorsque le choc pétrolier éclate et qu'il faut diversifier ses sources d'énergie, la France, sous l'égide du premier ministre Pierre Messmer, s'engage les yeux fermés dans le tout-nucléaire.
Engagée, l'enquête Nucléaire, exception française tente cependant de donner la parole à chacun, anti comme pro du nucléaire. L'ex-patron d'EDF Marcel Boiteux, l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon, Bernard Bigot, administrateur du Commissariat à l'énergie atomique, voisinent avec l'ancienne ministre des Verts Dominique Voynet ou le sénateur EELV Ronan Dantec.
Des publicités et des reportages de JT d'époque montrent la confiance absolue qu'on portait à l'atome dans les années 1960 : bienfaits de la crème au radium, espoir que le nucléaire, en accélérant la croissance des plantes, allait mettre fin aux famines.
Le film insiste sur la nécessité de penser au futur et de développer d'autres modèles énergétiques. À l'heure où nos partenaires économiques, dont l'Allemagne, se désengagent du nucléaire et font du développement des énergies renouvelables une priorité, la France ne prend-elle pas un retard difficile à rattraper ? Combien de temps le nucléaire peut-il rester bon marché ? Les premières centrales du plan Messmer vont devoir être mises à la retraite et démantelées. Une procédure qui se chiffre en centaines de millions d'euros.
Cette passion nationale s'explique, estime Frédéric Biémonti, par la relation privilégiée de la France avec l'atome. De Becquerel aux Curie, la recherche hexagonale a toujours été en pointe dans ce domaine, qui lui a rapporté trois prix Nobel. S'est ensuite greffée une dimension politique inextricable.
Dans la France humiliée de l'après-Seconde Guerre mondiale, le nucléaire est considéré comme un moyen de s'affirmer sur la scène internationale. De Gaulle suit de près l'élaboration de la bombe atomique. Les filières militaire et civile du nucléaire deviennent indissociables et sont élevées au rang de fiertés nationales. Lorsque le choc pétrolier éclate et qu'il faut diversifier ses sources d'énergie, la France, sous l'égide du premier ministre Pierre Messmer, s'engage les yeux fermés dans le tout-nucléaire.
Gouffres financiers
Jusque dans les années 1980 se poursuit un chantier titanesque : six à sept centrales sont édifiées chaque année. Le nucléaire est servi par un lobby puissant constituant le coeur même de l'État : les « grands corps ». L'élite des Mines a fait du nucléaire sa chasse gardée, argumente l'auteur du documentaire. Qu'ils soient ingénieurs ou travaillent dans les cabinets ministériels, ils choient cette filière industrielle et pèsent de tout leur poids pour éviter toute remise en cause. Après les accidents de Three Mile Island en Pennsylvanie, de Tchernobyl ou de Fukushima, les gouvernements de droite comme de gauche tiennent des discours rassurants et font la promotion des réacteurs modernisés, présentés comme plus sûrs, mais qui s'avèrent des gouffres financiers, accuse le documentaire, citant l'exemple de Superphenix et de l'EPR.Engagée, l'enquête Nucléaire, exception française tente cependant de donner la parole à chacun, anti comme pro du nucléaire. L'ex-patron d'EDF Marcel Boiteux, l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon, Bernard Bigot, administrateur du Commissariat à l'énergie atomique, voisinent avec l'ancienne ministre des Verts Dominique Voynet ou le sénateur EELV Ronan Dantec.
Des publicités et des reportages de JT d'époque montrent la confiance absolue qu'on portait à l'atome dans les années 1960 : bienfaits de la crème au radium, espoir que le nucléaire, en accélérant la croissance des plantes, allait mettre fin aux famines.
Le film insiste sur la nécessité de penser au futur et de développer d'autres modèles énergétiques. À l'heure où nos partenaires économiques, dont l'Allemagne, se désengagent du nucléaire et font du développement des énergies renouvelables une priorité, la France ne prend-elle pas un retard difficile à rattraper ? Combien de temps le nucléaire peut-il rester bon marché ? Les premières centrales du plan Messmer vont devoir être mises à la retraite et démantelées. Une procédure qui se chiffre en centaines de millions d'euros.
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