Friday, October 11, 2013

Les damnés de Copenhague

La fiction policière scandinave « Traque en série », composée de douze épisodes, imagine des tueurs d'une rare perversité.

La maestria scandinave en matière de thrillers n'est plus à prouver depuis le succès de la saga Millénium et des séries Borgen, qui a repris jeudi dernier sur Arte, et The Killing. Ambassadrice de ce genre, la chaîne franco-allemande en fournit, ce vendredi soir, un nouvel exemple avec Traque en série. La fiction danoise de 12 épisodes chronique les investigations d'une division de la police de Copenhague spécialisée dans la poursuite des serial killers. Tout juste nommée inspectrice, Katrine Ries Jensen (Laura Bach) défie son patron Magnus Bisgard (Lars Mikkelsen) et s'adjoint les services du docteur Thomas Schaeffer (Jakob Cedergren).

Ce psychiatre talentueux, qui se perd corps et âme dans ses enquêtes pour pouvoir dresser le portrait-robot des tueurs et prévoir leurs prochains crimes, n'a pas laissé de bons souvenirs dans la police, où on le tient pour responsable de bavures passées. Katrine et Thomas vont devoir s'apprivoiser tout en unissant leurs forces pour mettre hors d'état de nuire des tueurs particulièrement sadiques et empêcher leurs enquêtes éprouvantes d'empiéter sur leur vie privée.

Sur le papier, Traque en série rappelle The Killing, autre série danoise où on suivait pendant vingt jours l'enquête de l'inspectrice Sara Lund pour retrouver le meurtrier d'une jeune fille. La tentation de lier les séries est d'autant plus grande qu'elles affichent toutes deux au générique Lars Mikkelsen, qui a les mêmes pommettes saillantes que son cadet Mads Mikkelsen (La Chasse et Hannibal). Mais, contrairement à The Killing, Traque en série s'offre plusieurs enquêtes, chacune s'étalant sur deux épisodes.

Basée sur une idée originale d'Elsebeth Egholm, auteur danoise à succès de romans policiers publiée en France aux éditions du Cherche-Midi, Traque en série pétrifie le téléspectateur et l'emmène au plus profond et au plus bestial de l'âme humaine. Là où des séries américaines comme Esprits criminels ne mégotent pas sur les détails sanglants, la série danoise montre autant qu'elle suggère.

Qu'il s'agisse de victimes enterrées vivantes et affamées, de meurtres, de viols et de mutineries en prison ou d'un psychopathe tuant les pères de famille pour prendre leur place et tenir leurs épouses et enfants en otages, rien n'est aseptisé. Une approche réaliste et brutale, identifiée comme le « noir scandinave ». Les couleurs froides et grises de la campagne danoise parachèvent cette atmosphère sous tension, où le danger rôde de toutes parts.

Assoiffée de vengeance

Si les rebondissements habituels sont présents (les héros deviennent la cible des tueurs qu'ils recherchent), Traque en série repose sur des affaires dont le dénouement reste mystérieux jusqu'aux dernières minutes. La série prend son temps pour introduire ses personnages et leurs parcours. Laura Bach, tout en gestes soudains, maladresses et insubordinations, incarne une femme forte, solitaire et assoiffée de vengeance, dont on a envie de suivre la renaissance.

Malgré des débuts en fanfare - le premier épisode fut regardé par près d'un Danois sur trois au printemps 2011 -, Traque en série ne fut pas renouvelée au-delà de sa saison inaugurale. Mais la fiction pourrait bien connaître une seconde vie aux États-Unis. La chaîne américaine A & E est en train de tourner un remake intitulé Those Who Kill. Prévue pour dix épisodes, cette adaptation reposera sur les épaules de Chloe Sevigny (Big Love, American Psycho) qui reprendra le rôle de Katrine.


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