Méditerranée, la mère nourricière
Yann Arthus-Bertrand promène sa caméra dans les cieux de quinze pays, berceaux de notre civilisation.
Retour aux origines, époustouflante invitation au voyage où le passé et le présent deviennent indiscernables. Ce mardi soir sur France 2, Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot vont vous faire redécouvrir l'âme de la Méditerranée et de ses rivages, comme vous ne les avez jamais imaginés, vus du ciel, avec le documentaire Méditerranée, notre mer à tous. Une odyssée des sens et de l'âme qui donne le vertige.
Cette étendue d'eau qui sépare l'Europe de l'Afrique a donné naissance aux premiers empires, aux religions monothéistes qui ont façonné notre monde. Elle a été le creuset de notre civilisation. Mais de nos jours, elle est devenue synonyme de conflits politiques et religieux, d'inégalités économiques entre le nord et le sud. Pour couvrir ce fracas et retrouver l'essence de la région, Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot ont pris littéralement de la hauteur et ont réalisé un film entièrement tourné en aérien. Sous l'égide du maître du genre Yann Arthus-Bertrand, à qui l'on doit notamment La Terre vue du ciel, les prises de vues se sont étalées sur treize mois et ont mobilisé trois cents personnes pour douze jours de tournage en drone et cent soixante-quinze heures en hélicoptère.
Ce sont quinze des vingt-quatre pays du pourtour méditerranéen qui ont été explorés : Marseille, Venise, la Toscane, l'Espagne, le Maroc, l'Algérie, Jérusalem, le Liban mais aussi des nations et des zones jusque-là jamais fréquentées comme la Libye. C'est la première fois que Tripoli autorisait ainsi des images aériennes de son territoire. On y découvre les ruines antiques et monumentales de Leptis Magna, l'immense ville résidentielle fantôme de la « nouvelle Benghazi ». La construction des 20 000 logements aux portes du désert a été stoppée net par la révolution contre le colonel Kadhafi, et des dizaines d'immeubles vides gisent à l'abandon.
Méditerranée, notre mer à tous déroule un fil d'Ariane à la fois chronologique et géographique. Remontant aux premiers hommes, on suit la trace des caravanes dans le désert qui perpétuent cette longue marche et l'on survole les pyramides.
Cet empire des pharaons a aussi transmis en héritage l'écriture et la culture du blé qui s'est répandue en Europe. Le commerce et les échanges ont fait la fortune des Phéniciens, habitants de l'actuel Liban, poussé les Grecs à conquérir les littoraux, scellé la domination romaine, seule fois de l'histoire où les deux rives de la Méditerranée furent réunies sous un même pouvoir.
Des fondus hypnotiques
Le documentaire de Yann Arthus-Bertrand et de Michael Pitiot n'est cependant pas tourné vers le passé. Entre les immenses paysages bucoliques attendus - les champs du Nil où s'affairent les chevaux et les fermiers, les plaines fertiles de l'Italie - s'intercalent les gratte-ciel du Caire et ses klaxons, les terrasses de Beyrouth où jouent les enfants, les complexes touristiques colorés et géométriques de la Costa Brava en Espagne... Des fondus hypnotiques et désorientant portés par l'entêtante musique d'Armand Amar.Ce télescopage des lieux et des époques est plus qu'un condensé mystique de belles images. Il se veut un message humaniste, rappelant le vivre-ensemble qui fut caractéristique de la Méditerranée, et un avertissement écologique. La région est à un tournant : l'eau commence à se faire rare et la population devrait passer de 427 à 637 millions d'habitants d'ici à 2025. Précurseur de notre mode de vie, la Méditerranée le sera aussi des défis à venir que l'humanité devra surmonter.
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