Tuesday, February 25, 2014

Angela Davis, la panthère qui divisa l'Amérique

Un documentaire enflammé retrace l'acharnement judiciaire visant cette intellectuelle afro-américaine dans la tourmente des années 1970.

Il y a quarante ans, la vue de sa coupe boule et de ses dents du bonheur était le cri de ralliement de ceux qui réclamaient une Amérique plus juste, affranchie des discriminations raciales. Puis le visage d'Angela Davis s'est estompé, cette figure de la lutte pour les droits civiques préférant l'ombre. Son destin hors du commun revient sur le devant de la scène, ce mardi soir sur Canal +, avec un documentaire enflammé Free Angela and All Political Prisoners.

Née dans une famille de la bourgeoisie afro-américaine et ayant étudié la philosophie en Allemagne, Angela Davis se fait remarquer en 1969 : professeur d'université, elle refuse de désavouer ses sympathies communistes et sa proximité avec le mouvement révolutionnaire des Black Panthers. Un an plus tard, des armes déclarées à son nom servent dans une prise d'otages sanglante au cours de laquelle un juge est tué. Proclamant son innocence, l'intellectuelle à la voix rocailleuse sera en cavale quelques mois. On requiert contre elle la peine de mort. Noire, femme, militante, elle incarne tout ce qui fait peur.

Manque de recul

La réalisatrice Shola Lynch dresse un réquisitoire implacable contre l'acharnement des autorités. Il lui a fallu huit ans pour dénicher des archives souvent inédites. Pour elle, Angela Davis est aussi sortie de son silence. Le résultat est une oeuvre enflammée, trépidante comme un thriller.

Cependant on reste parfois sur sa faim. Shola Lynch est en adoration devant l'image de Davis et manque de recul. Elle se focalise sur la mobilisation pour faire libérer l'égérie au détriment de l'affaire. Reste un portrait saisissant de cette Amérique d'alors en pleine tourmente et contestation au lendemain des assassinats de Luther King et des frères Kennedy.

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