Thursday, November 04, 2004

La « nuit américaine » la plus française de Paris

Chol/Kravetz/Muhlmann: autre papier pur le trio et énième grand drame. Au départ, une volonté denous envoyer sur le terrain la nuit de l'élection américaine et de montrer comment l'élection était vécue en France par les Français et la communauté américaine de Paris. Au terme de moult recherche avec Sarah, Fabienne [déjà la petite troupe de conspiratrices!] et quelques autres on finit par trouvé un point de chute sur une péniche démocrate et on se prépare à une longue nuit (au total je suis rentrée chez moi à 5h du mat'!)...mais sur place stupeur! Pratiquement que des Français, peu de direct avec CNN et une ambiance plombée... Panique comment raconter une histoire alors qu'il ne se passe rien ? C'est seulement au bout du quatrième jet que j'y suis parvenue au terme d'un premier papier rendu qui était une véritable catastrophe ambulante... Outre la panne d'inspiration, il y avait la fatigue et la nécéssité de le faire en temps limité... Dur, dur...!
A noter qu'une version de cet article existait en papier minute radio pour PE Deldique mais dans la précipitation de ce cours (rédaction en temps limité d'une demi-heure) et la fatigue puisque effectué quelques heures après mon retour de la péniche; l'original a été perdu^^;


« Il n’y a eu aucun débat. Les commentaires des journalistes étaient en français, langue que je ne pratique pas. En arrivant ici, je pensais trouver CNN » déclarait Robert, un Américain de passage à Paris. Il était 4h du matin, l’heure de la dispersion et de la déception pour les participants à la soirée Paris for Kerry, organisée sur la péniche K-Lounge en soutien au candidat démocrate. L’aube du 3 novembre n’était pas encore levée sur Paris mais la victoire de George Bush s’annonçait déjà clairement.

L’affiche de la soirée annonçait une « nuit américaine » avec expositions, concerts et conférences. La réalité fut tout autre : la nuit resta franco- française.

Retour en arrière, 23h45. A l’intérieur de la péniche ancrée à l’ombre des tours de Notre Dame sur le quai de Montebello, pas de pancartes Kerry/Edwards, des drapeaux américains voisinent avec des guirlandes roses Mickey. Sur les murs, quelques photographies du candidat en campagne. Mais celles-ci sont perdues au milieu des clichés en noir et blanc d’Igor, organisateur de la soirée et ce soir l’artiste exposant. Français, il voyage souvent aux Etats-Unis où il a de la famille. Son regard de photographe s’attarde sur les rues américaines : gros plan sur les supermarchés, les trottoirs et les clochards de Los Angeles et San Francisco. On distribue un article du Figaro sur les origines françaises des deux candidats. Il paraît que si John Kerry a une mère française, George Bush a, lui, un patronyme français[1].

Le public, une centaine de personnes, est lui aussi majoritairement français et affiche peu de convictions pro Kerry. Seul un jeune homme aborde un signe distinctif, un T-shirt où est inscrit « Florida for Kerry ». Pour tromper l’attente, les artistes se succèdent sur scène et si la chanson américaine est à l’honneur, l’ambiance n’en demeure pas moins française. Perry ouvre le bal avec des reprises de standards du rock (Bruce Springsteen, Eric Clapton) avant de livrer ses dernières compositions…rédigées en français ! Puis les slameurs rappent dans la langue de Molière. De l’élection et de John Kerry, il est peu question. On dénonce la guerre, les attentats, le racisme, le communautarisme, la vie dans les banlieues d’Ile de France... Ainsi Tsunami chante « Moi j’dis respect des communautés/J’suis contre les kamikazes et les armées/ils enlèvent aux femmes la gaieté/faisant d’elles des veuves qui s’éveillent (...)/pour qu’un jour on puisse dire vive la paix et l’immigration ». D’autres se mettent en scène comme Aymé, qui dans l’égotrip d’Aymé proclame « Dans Aymé il y a (h)ai(ne) et (ai)mé/Haine n’est pas Aymé/Aymé aime aimer » .

Les premiers résultats tombent vers 1h30. L’écran géant diffuse…LCI. Les présentateurs font état de rumeurs favorables à John Kerry. Dans la salle, quelques cris de joie. Une heure plus tard, la tendance s’inverse. Sur fond d’images de longues files d’attente aux bureaux de vote, les envoyés spéciaux dans l’Ohio et en Floride annoncent qu’ils ne peuvent rien annoncer, les scores sont trop serrés. Sur le plateau, le bilan de George Bush en Irak passe en boucle. La péniche se vide. Igor coupe le son de la télé. Les slameurs reviennent pour entonner une élégie de « Paris et ses petits ponts ». A 3h ne restent plus qu’une dizaine de noctambules, les étudiants en journalisme, et trois citoyens américains qui assistaient à la soirée. Celle-ci les a laissés sur leur faim. Evelyn, une étudiante américaine, regrette le choix de LCI : « leur traitement de l’information est très français…très intellectuel, aux Etats-Unis on est plus sportif. Leurs reportages comportent des approximations, les Red Socks ne sont pas une équipe de football américain mais de base ball ! ». Robert, comme elle, se plaint du traitement de l’information par LCI « C’est dommage de n’avoir insisté que sur les points qui parlaient aux Français comme l’Irak. D’autres enjeux comme l’environnement ou l’économie étaient importants ». Marc, un des rares Français encore présents, formule les mêmes reproches : « J’avais choisis la péniche K-Lounge pour sortir d’une vision française. Je pensais que je comprendrais mieux la culture américaine, que je l’approcherais au plus prêt. En fait, j’aurais pu rester chez moi, allumer la télé, cela aurait été la même chose». La nuit américaine, ce sera pour une autre fois, Kerry aussi…

Constance Jamet 4403 signes


[1] Le nom de famille Bush viendrait du mot français boucher

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