Quand l’Amiral de Gaulle donne un cours d’histoire hagiographique
Marc Riglet :*roulements de tambour* je vous présente un des rares articles dont je suis très fière^^ Outre l'approbation et félicitations de l'adorable M. Riglet surnommé le "Petit vieux" amicalmeent par Fabienne, je me suis fait copieusement insultée pour l'écrire par Michel Tauriac dont je sollicitais l'interview sous pretexte qu je n'avais pas lu son pavé (de 1000 pages d'une semaine à l'autre pfff... et ce n'était même pas le sujet puisque j'écrivais sur les polémiques entourant l'ouvrage pas son contenu) et qui m'a servi de "vous êtes l'exemple de la dégénerence du journalisme comtemporain"... donc ce satifescit je l'ai mérité! Mais je précise que H. C. Giraud a été très gentil avec moi et m'a bien consolé sur le coup "ah mais Tauriac, mademoiselle, c'est un acariâtre depuis toujours!"
Les deux tomes de Charles de Gaulle mon père[1] de l’Amiral Philippe de Gaulle et Michel Tauriac se sont écoulés à 800 000 exemplaires. L’ambition proclamée de Michel Tauriac était de mettre à l’heure les pendules de l’histoire. Qui peut être alors mieux placé pour le faire que fils du général ? L’Amiral Philippe de Gaulle fut en effet le confident privilégié de son père, vivant dans son ombre. Et sur près de mille pages, à l’aide de ses souvenirs et de documents inédits l’amiral s’emploie à défendre et illustrer envers et contre tous la légende gaullienne.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce travail de mémorialiste ne fait pas l’unanimité. La veuve et des filles du colonel Paillole, qui fut chef du contre-espionnage français à Vichy de 1940 à 1942 tout en servant la Résistance, ont porté plainte pour diffamation contre l’amiral qui dans son ouvrage qualifie de « vichyssois » le colonel. « Que voulez vous que je vous dise ? » réplique agacé Michel Tauriac, qui ne craint pas le verdict que le tribunal rendra le 4 novembre, « Le sujet et succès de ce livre ne pouvaient que susciter des controverses et l’animosité des ennemis du général de Gaulle ». Et d‘affirmer que l’amiral a produit en justice six témoignages inédits de résistants imputant leur arrestation au colonel.
Historiens et familiers de la geste gaullienne ne sont pas convaincus. Henri Christian Giraud a pris la direction d’un livre collectif Réplique à l’amiral de Gaulle[2]. «Ce n’est pas parce que l’on est célèbre qu’on peut se permette de raconter n’importe quoi » explique-t-il. « Non content de déformer des épisodes douloureux et incontestés de l’histoire, l’Amiral se permet de porter des accusations très graves contre des hommes irréprochables. Peut-on croire que Jean Monnet, père fondateur de l’Europe était un agent américain payé à la commande ? que Saint-Exupéry fut un propagandiste de Vichy ?».
L’auteur sait de quoi il parle. Il est le petit fils du général Giraud dont l’évasion, prétend l’Amiral, fut organisée avec la complicité des Allemands. Insulte pour Henri Christian Giraud qui rappelle que 15 membres de sa famille furent déportés après de la fuite de son aïeul. Parole contre parole, querelles d’héritiers pour Michel Tauriac. Il s’emporte « On le connaît Giraud, son livre tombe des mains. Il ne fait que propager des bobards vichystes ». C’est faire bon marché des erreurs factuelles (chiffres, dates) entachant le livre de l’Amiral qu’Henri Christian Giraud relève. Par exemple, Philippe de Gaulle prétend que son père a appris l'arrestation de Jean Moulin une vingtaine de jours après la conférence d'Anfa, soit en février 1943, alors que l'affaire de Caluire date du 21 juin de la même année. L’Amiral prête également à son père des paroles désobligeantes à l’égard de Saint John Perse au lendemain de sa disparition. Or le poète est mort cinq ans après le général ! Plus grave, certaines allégations de l’Amiral contredisent… les Mémoires du Général. Si pour Philippe c’est Churchill qui a forcé de Gaulle à engager la bataille de Dakar, Charles de Gaulle écrit que c’est lui qui a convaincu Churchill du bien fondé de l’opération. S’il vivait encore Charles de Gaulle démentirait-il son propre fils ? Aux accusations, Philippe de Gaulle n ‘oppose qu’un silence superbe : « On pourra m'opposer toutes les archives possibles, je ne serai jamais convaincu ».
Convaincre, c’est pourtant ce que l’Amiral devra faire en décembre devant le tribunal de Montpellier. Il est, en effet, poursuivi en justice par des Harkis, pour avoir écrit que Charles de Gaulle ne s’était jamais opposé à l’arrivée de ceux-ci sur le sol français mais que les intéressés avaient préféré rester en Algérie. L’Amiral pousse trop avant ses vaisseaux. Son livre est sûrement celui d’un bon fils mais pas forcément celui d’un véritable historien.
Constance Jamet (3800 signes)
1 Comments:
Pfff ... plutôt vaseux votre commentaire...!!!
Essayez plutôt le tricot :)
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