Monday, March 14, 2005

Une conférence de presse à l’UMP : parler pour ne rien dire

Anna Bitton: L'UMP m'ayant portée chance lors de mes précédents articles, pour moi le choix était simple, hors de question de s'affranchir du tallissement de la rue de la Boétie. Tous les pretextes étaient bons pour y retourner y compris la conférence de presse hebdomadaire animée tous les lundi par Valérie Pecresse, une des quatre porte-paroles du mouvement - l'ironie voudra que lors de mon stage au Figaro j'y sois également abonnée!. Un rendez-vous qui pour les habitués du lieu est un véritable pensum comme je le découvris à mes dépens. En effet, sauf actualité percutante et scoopesque, l'exercice est des plus convenus et manque d'entrain. Seuls les journalistes des agences et de chaines d'info font le déplacement, ces images et ce son ça ne mange jamais de pain! Un endormissement général qui me conduit à un de mes défauts préférés et empoisonnats : la logorée verbale par peur de la page blanche! ce qui me poussa ensuite à ratiboiser mon papier par tous les bouts, ce qui me conduisit à supprimer ce qui aurait dû être le pivot de ma prose. Que Valérie Pecresse était chiraquienne et que son allégance à Nicolas Sarkozy pouvait être soumise à de nombreuses interprétations! Damned ! Le trop est décidemment l'énnemi du bien!



Une conférence de presse à l’UMP : parler pour ne rien dire

Dés le hall d’entrée du 55 rue de la Boétie, le message est clair : tout va bien, tout va au mieux pour l’UMP. Deux écrans affichent les nouvelles adhésions de la journée (496), le nombre d’adhérents à jour de leurs cotisations (76500 sur plus de 120 000). Même enthousiasme au premier étage, dans la salle de presse où Valérie Pecresse, un des quatre porte-parole du parti va tenir la conférence de presse hebdomadaire de l’UMP. Au bout de 15 minutes de retard la député des Yvelines fait enfin son apparition. Bon genre dans un élégant tailleur pantalon noir et chemisier à fleurs. « l’actualité est chargée » s’exclame-t-elle tout en serrant chaleureusement la main des dix journalistes présents. Bienvenue pour une demi-heure de langue de bois.

Actualité chargée de louanges tressées au grand Nicolas Sarkozy, réélu député de Neuilly, la veille, au premier tour. « Toutes les félicitations de l’UMP vont à son président, c’est une voix forte qui revient dès demain dans l’hémicycle. Il y a un incontestable effet Sarkozy dans les Hauts de Seine ». Et d’enfoncer le clou. Valerie Pecresse cite avec volubilité les réformes entreprises (Réforme de la loi Galland, baisse des impôts) par l’ancien ministre pendant son passage à Bercy, comme autant de preuves de la politique sociale du gouvernement. Et à propos, qu’on le sache, il n’y a pas de crise de leadership à l’UMP entre ses trois dirigeants naturels : Jean-Pierre Raffarin, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Et elle balaie du revers de la main l’idée d’une rivalité entre Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée et le nouvel élu de Neuilly.

Le gouvernement a droit au même satisfecit. La porte-parole le félicite pour sa « détermination à poursuivre une politique cohérente ». Etonnants compliments quand, quelques jours auparavant, Renaud Dutreil, ministre de la fonction publique, déclarait une augmentation de salaires impossible faute d’argent dans les caisses de l’Etat. Autre revers, dés le lendemain, Nicolas Sarkozy déplore que le gouvernement « suive au coup par coup » ! Apparemment Valérie Pecresse n’était pas dans le secret du « dieu ».

A la question de savoir si François Bayrou a accepté la proposition du chefs de l’UMP de faire un meeting commun à Strasbourg mercredi, même ignorance. Elle demande embarrassée « comment êtes vous au courant de cette invitation ? Est-ce que Franck Louvrier [directeur de la communication de l’UMP] est là ? Non ? alors désolée je ne peux pas vous répondre. ». Beaucoup plus loquace sur ses goûts musicaux, elle retrouve le sourire lorsqu’elle évoque la réunion des jeunes du parti populaire européen dont la soirée est animée par le DJ Bob Sinclair. « Je vais enfin pouvoir le rencontrer. Comme quoi la politique permet de réaliser ses rêves d’enfant » s’écrie elle. Surprenant pour cette jeune femme à l’allure bourgeoise.

Du référendum ? de la campagne pour le oui ?Malgré la présence d’une grande affiche, où le drapeau européen se reflète dans les yeux d’une jeune fille et la publication, le matin même, du premier sondage donnant le non vainqueur, pas un mot ! Si ce n’est lorsque la porte-parole condamne avec force les propos d’Henri Emmanuelli. « L’UMP tient à exprimer une solennelle mise en garde à Henri Emmanuelli, nous ne craignons qu’il ne marche sur les plates-bandes de M. Le Pen ». faut-il voir dans cette ingérence comme une collusion entre l’UMP et le PS sur le oui ?Valérie Pecresse est loin de récuser le terme « Axe Hollande-Chirac » dont le secrétaire du PS essaie de se défaire. « Est-ce une caricature ? ce n’est pas une caricature de dire que ces deux chefs sont pour le oui ».

Ce moment de vivacité passé, la député répète à nouveau un discours bien huilé aux cameras de LCI « bien sur que l’UMP soutient la politique du gouvernement… ». Les journalistes remercient « on avait besoin d’images et de son ». Parler pour ne rien dire tel aurait pu être le message délivré par Valérie Pecresse, ce lundi 14 mars 2005.

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