Friday, January 14, 2005

Il est libre Sarko...

Anna Bitton : un exercice inévitable des pages politiques, les voeux des hommes qui nous gouvernent. Comme ma première escapade au pays du Sarkozysme s'était bien terminée, je n'ai pas hésité à réitérer! avec en plus la promesse, une fois l'allocution terminée, d'un buffet alors vous pensez bien le choix était tout fait! Bien qu'écrit immédiatement après cette conférence de presse, c'est un de mes articles que je préfère. Quoique l'on puisse sur Sarko, c'est un plaisir d'écrire sur lui!
« Je vous souhaite une année 2005 passionnante qui vous permettra des commentaires pertinents et je vous promets de prendre toute ma part à l’action ». En forme, souriant et arrivé en avance de deux minutes, Nicolas Sarkozy présentait ce jeudi 13 janvier, ses vœux à la presse. Signe de ces temps nouveaux, la cérémonie n’avait pas lieu au siège du parti, rue de la Boétie, mais à la Maison de la Chimie. Au premier rang, les fidèles comme Christian Estrosi et Cécilia se pressaient . En revanche, les ministres du gouvernement brillaient par une absence significative, à l’exception d’Eric Woerth, secrétaire d’Etat à la fonction publique mais également trésorier de l’UMP. Et à ceux qui s’étonnaient de son absence de la scène médiatique depuis longues trois semaines et le voyait déjà perdu dans les limbes de l’UMP, l’ancien ministre de l’économie a opposé un vivant démenti. Loin de lui l’attention de se laisser enfermer après la cage dorée du gouvernement dans une présidence honorifique et il tient à ce que cela se sache.

Premier « arme d’expression massive », la métamorphose du parti. Sous les auspices de transparence et de démocratisation, c’est un grand chambardement qui s’annonce pour un parti marqué jusqu’à présent par une fidélité sans faille au père fondateur, Jacques Chirac. D’aucuns y verront une appropriation si ce n’est un détournement de parti.

L’heure est à l’affranchissement. L’urgence est de donner la parole aux militants afin que ceux-ci décident des orientations de l’UMP. La ligne politique du mouvement sera décidée à la fois par les élus et les adhérents, et tant pis s’il y a des dissensions entre le parti et le gouvernement. Dés le 6 mars prochain, à l’occasion du conseil national, trois questions sensibles sur l’avenir de l’Union Européenne seront soumises aux votes des adhérents. « Quelle Europe veut-on ? Quelle réponse à la constitution ? Quel statut pour la Turquie?». Et Sarkozy de faire connaître ses choix, pour une Europe puissance, pour un oui ardent à la constitution mais pour un non définitif à l’entrée de la Turquie en Europe au profit du partenariat. Autre rupture avec la tradition gaullienne et l’image d’un parti « godillot », c’est aux militants que reviendra la responsabilité d’investir les candidats à quelques élections que ce soit. La première expérience aura lieu à Paris en vue des municipales de 2008. Mais la révolution et le défi à l’autorité chiraquienne ne s’arrêtent pas là. N’hésitant pas à mettre les pieds dans le plat, Nicolas Sarkozy aborde la question interdite de la présidentielle La « logique démocratique » de l’investiture s’appliquera aussi au futur candidat à l’Elysée. « On peut être candidat en dehors d'un parti politique. L'UMP soutiendra un candidat. La question qui se pose est: comment choisira-t-elle ce candidat ? Je souhaite que ce soit par la démocratie et un vote le plus large possible.» Une menace à peine voilée au locataire de l’Elysée dont il ne mentionnera cependant pas le nom…

Pour s’affirmer, Nicolas Sarkozy affiche également sans équivoque ses désaccords de fond avec le président et le premier ministre. « Je n’ai jamais dit que si je devenais chef de l’UMP, j’abandonnerais mes convictions » rappelle-t-il. Le président de l’UMP distribue des bons et mauvais points au gouvernement. S’il se félicite du oui à la constitution européenne et de la réforme en cours des 35h, il s’oppose au oui à la Turquie, au maintien de la loi Galland ou à la promesse de baisse des impôts. Pour lui, cette dernière n’est qu’un tour de passe-passe qui masquera la hausse des prélèvements obligatoires si elle n’est pas compensée par une baisse des dépenses publiques. Il se permet même d’égratigner au passage son successeur, Hervé Gaymard, dans l’obligation de subir « que voulez qu’il dise le ministre des finances? ». Autre signe de cette volonté de se distinguer, le refus de tout tabou avec en ligne de mire une réforme de l’immigration. Le président de l’UMP n’élimine aucune piste de réflexion et laisse entrevoir une préférence pour l’instauration de quotas…

On se demandait comment Nicolas Sarkozy comptait exister…Libre de toute entrave, il est bien décidé à suivre son propre chemin même si c’est le sentier de la guerre. D’ailleurs, le président de l’Assemblée nationale et fidèle chiraquien, Jean-Louis Debré ne s’y est pas trompé. La conférence de presse à peine terminée, il déclarait «J'attendais de ses vœux qu'il rassemble les Français plutôt qu'il ne les divise, qu'il soutienne le gouvernement plutôt qu'il ne le gêne. Nicolas Sarkozy cultive ce qui nous divise plutôt que ce qui nous unit ». En tout cas l’année 2005 commence en fanfare et Nicolas est à nouveau en haut de l’affiche.

Constance Jamet
4690 signes

0 Comments:

Post a Comment

<< Home