Nathalie Kosciusko-Morizet : la révolte inachevée

Anna Bitton : Sans le savoir nous sommes entrés dans un exercice que nous pratiquerions à la volée en 5ème année et que je detesterai toujours autant l'édito en temps réduit sur un reportage photo de Paris Match sur la jeune, jolie et très enceinte députée de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet, la conscience écologiste de l'UMP et protégée par Chirac, parfois suspectée par des esprits chagrins comme une très jolie mannequin, alibi nécéssaire à la parité plus qu'une vraie bête politique. Heureusement pour cette première, nous avons eu le droit de nous mettre à deux. Si rien n'est plus difficile d'écrire à quatre main, rien n'est plus triste que de réfléchir en soliataire. ce jour-là, j'ai pu travailler avec Ksana qui parle et écrit un très beau français, j'ai eu beaucoup de chance. L'edito est lui même assez (trop?) sévère dû à la panique que me causait l'exercice et ses conditions temporelles.

Nathalie Kosciusko-Morizet : la révolte inachevée

Une jeune femme enceinte, resplendissante de santé et de bonheur, adossée contre un banc couvert de mousse, avec à ses pieds une harpe et des Bibles du XVII siècle, dans un bois à peine touché par les premiers rayons du soleil… Non, il ne s’agit ni d’une dryade sortie des bois ni d’un tableaux d’un préraphaélite. Cette femme épanouie est Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de l’Essonne et conseillère régionale Ile-de-France, une des jeunes femmes politiques les plus brillantes de la droite.

A mille lieux d’une Michèle Alliot-Marie, raide comme un i dans ses éternels tailleurs-pantalons, la benjamine de l’Assemblée Nationale revendique sa féminité devant l’objectif de Paris-Match.
Une audace ? Certes, mais qui ne dure pas plus longtemps qu’une double-page d’un magazine. Dans son travail d’élue, la même maman heureuse affiche des airs dignes de Margaret Thatcher d’Essonne, comme d’ailleurs le proclame fièrement son site officiel. Elle lit Le Monde comme un homme, se bat pour l’adoption des textes sur lesquels elle travaille et passe de longues heures sur les bancs de l’Assemblée.

En posant en héroïne romantique pour les lecteurs de Paris Match, Natalie Kosciusko-Morizet se plie aux goûts du public, friand de photos people et glamour, peu intéressé par des grands sujets politiques. Est-elle consciente qu’elle joue sur les clichés les plus ordinaires d’une femme aristocrate et future mère au foyer. Il n’est pas certain que cette démonstration de son physique, sans doute remarquable, contribue à gagner les lecteurs à sa cause de femme politique et spécialiste des questions environmentales. Elle ne semble pas échapper au destin d’Elisabeth Guigou et Ségolène Royal, qui ont dû refouler leur féminité pour gravir les échelons.
Morale : la troisième voie entre une Michele Alliot-Marie et une Emmanuelle Béart est difficile à trouver. Le jour n’est pas encore venu où les Français verront entrer dans l’hémicycle une femme prête à assumer les deux facettes d’une femme en politique : féminité et responsabilités publiques.

Constance Jamet et Ksana Trachuk