Wednesday, October 24, 2007

La NASA aurait censuré une enquête sur la sécurité aérienne

L'agence spatiale américaine refuse de divulguer les résultats d'une enquête qui révèle que les problèmes de sécurité sont beaucoup plus fréquents que les autorités américaines ne l’admettent.

Est-il plus dangereux qu’il n’y paraît de fréquenter le ciel américain ? C’est ce que semble suggérer le refus de la NASA de rendre public les conclusions de son enquête sur la sécurité aérienne. D’après AP, ce sondage réalisé entre 2001 et 2005 auprès de 24.000 pilotes par un sous traitant, révèle que les impacts avec les oiseaux, les collisions manquées en plein vol, les changements des manœuvres d'atterrissage à la dernière minute, ou les interférences sur les pistes d'aéroport sont deux fois plus fréquents que ce qu’indiquent les rapports officiels des autorités américaines.

Des données sensibles. AP, qui n’a pu découvrir le contenu du rapport que grâce à une source ayant travaillé sur l'enquête, a essayé en vain pendant 14 mois d'obtenir officiellement les chiffres.

Ordinateurs purgés

Dans une lettre inhabituellement franche à l’agence de presse, l'administrateur adjoint de l’agence spatiale a justifié ce mystère en arguant que les données du sondage pourraient entamer la confiance des passagers envers les compagnies aériennes et les profits de ces dernières. Pour lui, ces résultats toutefois "présentent une illustration complète de certains aspects de l'industrie de l'aviation commerciale américaine".

Pour ne rien arranger à ce soupçon de « théorie du complot », la NASA a demandé la semaine dernière à son sous-traitant d'effacer de ses ordinateurs tous les fichiers se rapportant à l’enquête. Devant la polémique, l’agence spatiale a entrepris son mea culpa. Elle va réexaminer son véto contre AP et publiera sa propre analyse des résultats avant 2008. Depuis lundi, l’affaire a en effet attiré l’intention du Congrès qui a ouvert une enquête.

Les associations de passagers pas inquiètes

La Commission des Sciences et technologies de la Chambre des Représentants demande à la NASA de ne détruire aucun document et de lui transmettre l’intégralité des données collectées. Toutes les communications éventuelles entre la NASA et les compagnies aériennes sur la nocivité du rapport devront également leur être remis. Pour le député du Tennessee Bart Gordon, la recherche, loin d’être dommageable, pourrait profiter aux entreprises de transport aérien. Une fois publique, elle aiderait à mieux comprendre les accidents et à les prévenir.

De son côté, la NASA a démenti mettre en danger la vie d’autrui en gardant le silence, expliquant que rien dans l’enquête ne nécessitait d’alerter l'Administration fédérale de l'aviation. Les experts ont relativisé les résultats. « Les incidents relevés provoquent rarement des accidents mais ils augmentent les facteurs de risque” a confié Jon Krosnick, professeur à Stanford, qui a participé à la rédaction du questionnaire du sondage.

Les principaux intéressés, les associations de passagers calment aussi le jeu. « Le but de la NASA n’est pas de protéger les fortunes des compagnies aériennes. Nous sommes toujours convaincus que l’avion est un mode de transport extrêmement sûr » a déclaré David Stempler président d’Air Travelers Association. Beaucoup de commentateurs estiment que le sondage (et sa dissimulation) nuit davantage la réputation de la NASA – sa politique de sécurité et confidentialité est souvent attaquée depuis les explosions des navettes Challenger et Columbia en 1986 en 2003- qu’à celles des compagnies aériennes.

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