Monday, December 06, 2004

Les désarrois du militant Patrick

Chol/Kravetz/Muhlmann: pour célébrer le référendum interne au PS sur la constitution et le sacre de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP au Bourget, on nous avait passé commande d'un portrait d'un militant ordinaire PS ou UMP... Préssée par le temps, je me suis précipité chez mon tonton :) (et oui déjà je me tournais vers vous!). Il faut également saluer la collaboration d'Hubert qui est passé sous la plume de Sarh et celle d'un ami de mon tonton sous celle de Fabienne !

Mercredi dernier, Patrick Saintville, 63 ans, a voté oui lors du référendum interne du PS. « Il faut être réaliste, si nous avions voté non, avec quels gouvernements européens aurions nous pu négocier une autre constitution ? Ils sont tous à droite ! ». Les menaces sur l’unité du PS n’ont pas influencé son vote, des instants critiques pour le parti socialiste, il en a connu depuis son adhésion en 1973. Suite logique de son engagement à la CFDT et de sa sensibilité de gauche. L’adhésion de ses amis et de sa future femme lui fera sauter le pas.

Manifestations, réunions, rédaction et distribution de tract, Patrick y consacre jusqu’à une heure par jour en période électorale. Pourtant, son engagement n’est pas aveugle, il sera exigeant, fait de ruptures et de retours.

Après la défaite du PS aux législatives de 1977, la zizanie s’installe dans la section -batailles d’égos-, Patrick démissionne. Mais, à l’approche des présidentielles de 1981, il décide, en 1980, de revenir au bercail. Cadre à Air France, il participe à la commission de l’équipe de campagne de François Mitterrand sur le transport aérien. C’est à l’époque que Michel Rocard, Ségolène Royal ou Laurent Fabius entrent dans sa section, celle du 6ème arrondissement, terre de mission. Mais c’est sur le terrain que Patrick vit ses meilleurs souvenirs de militant. « Au deuxième tour, les colleurs d’affiches de Jacques Chirac nous ont donné tout leur matériel, y compris des autocollants anti-Valery Giscard d’Estaing ! »

Cependant les années de la gauche au pouvoir ne seront pas un chemin de roses. « Nous avions été dans l’opposition toute notre vie, nous n’avions pas de culture de gouvernement ». Patrick vit dans le désenchantement le grand virage social-démocrate du PS. « Sans doute cette évolution était inévitable, dés lors que nous étions au pouvoir » reconnaît-il.

Dans la foulée du Congrès de Rennes, Patrick claque à nouveau la porte du PS en 1990. Pas à cause de la lutte des chefs au sommet mais des bizarreries observées dans sa section. « Une quinzaine de nouveaux adhérents, tous employés du Lucernaire ont voté Rocard puis on ne les a plus jamais revus » explique-t-il. Il réintègre le PS en 1994 pour s’investir dans la campagne présidentielle. De 1998 à 2001, il rejoint l’équipe de campagne de Delanoë et s’attèle aux questions budgétaires avant de rentrer dans le rang. « Je n’avais pas d’ambitions politiques autre que la victoire » dit-il.

Fort de son expérience, il relative les convulsions européennes du PS. Ce débat de fond était une excellente initiative : « Les media ont dramatisé en personnalisant à outrance le débat. Tous mes camarades n’ont pas voté pour Fabius ou pour Hollande mais en fonction de leurs convictions ». Pour lui, Fabius doit rester au secrétariat national du parti et le PS se concentrer sur son programme pour les présidentielles. Quant à lui, il n’envisage plus de quitter le PS. « Je me suis toujours senti de gauche et puis ma section, c’est ma famille, j’y ai beaucoup d’amis » ajoute, en souriant, Patrick récemment divorcé.

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