Tuesday, December 07, 2004

Les combats de Paris Match et d’Alain Genestar

Catherine Vincent: pour passer l'éponge sur notre hors-sujet précédent, la demoiselle nous proposa un second sujet et éminent aristocrate du journalisme à examiner: Alain Genestar, le bienheureux papa de Paris-Match. Cependant malgré cette seconde chance, j'ai encore un peu dévié du sentier qui m'était fixé à savoir "quelle est la vision de Paris-Match d'Alain Genestar?" pour aboutir à une chose bizarre sur les projets futurs du titres ^^; bref un texte entre deux eaux et un dérapage incontrolé!

Directeur de Paris-Match depuis 5 ans, Alain Genestar pourrait se satisfaire de la position dominante de son magazine, 727.000 exemplaires vendus par semaine. Mais de passage à l’école de journalisme de Sciences-Po, c’est un homme soucieux d’imprimer sa marque et de développer son titre, qui est apparu.

«Créer une édition américaine de Paris-Match, bien sûr que ça nous démange. Hachette est le quatrième groupe de presse aux Etats-Unis mais pour faire revivre Life qui est notre modèle, il faut être plus fort que les autres» concède-t-il. Pourtant, il est le premier à admettre que les récentes tentatives de diversification du magazine ont échoué. L’internationalisation du titre n’a pas rencontré le même succès que d’autres fleurons du groupe Hachette-Fillipachi comme Elle. Madrid-Match et Moscou-Match n’ont connu qu’une existence éphémère. L’expérience télévisuelle de Match TV a tourné court, «Il nous manque les stars. Avec quelques milliers de spectateurs, elles ne viennent nous voir qu’une fois par politesse ».

Aux sources de ces échecs, l’âme de Paris-Match. Sa tonalité française. Il est difficile d’exporter le concept d’un journal d’actualité. Alors que la mode véhicule un message universel, un newsmagazine reflète la culture de sa rédaction. Tout article en devient suspect. « Un papier sur l’Irak dans une édition étrangère de Paris-Match ne serait pas crédible, les lecteurs y verraient le regard français » commente Alain Genestar.

Autre handicap : le mélange des genres entre sujets d’information et people, marque de fabrique du journal. « Cette formule serait incompréhensible ailleurs, Paris-Match ne peut se le permettre que parce qu’il est numéro un et qu’il attire les personnalités qui font l’actualité». Et Alain Genestar se défend de tout populisme et voyeurisme dés qu’on l’interroge sur ce savant équilibre.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous mettons Renaud en couverture mais si nous avions choisi l’Ukraine, nous aurions perdu entre 50.000 et 100.000 acheteurs ». La couverture est conçue comme « l’access prime-time » d’une chaîne de télévision. En l’absence d’une actualité forte, un sujet léger se vendra mieux qu’un sujet sérieux. C’est une question de vie ou de mort, Paris-Match doit préserver et agrandir son audience (4 millions de lecteurs). Paradoxalement, face à cette obligation marketing, l’hebdomadaire ne renonce pas à sa mission d’information et premier amour, le photojournalisme. Paris-Match a le devoir de cerner au plus près la vérité au risque de s’y brûler. Suivre cette ambitieuse politique suppose des choix éditoriaux délicats qui requièrent du professionnalisme. «L’actualité internationale s’est durcie : attentats, guerres civiles, les photos que nous recevons sont de plus en plus violentes ».Est publié tout ce que les journalistes et photographes voient. Il n’est pas question que les lecteurs soient des citoyens moins informés quitte à choquer. « Nous préférons l’excès à la suffisance »

Pour l’heure, un projet mobilise les énergies : le lancement de Match du monde au printemps 2005. Ce bimestriel inspiré du succès de Match en Chine, magazine francophone pour les Français amoureux du pays, se veut un remède aux problèmes de diversification de Paris-Match. Match du monde est destiné au marché hexagonal et chaque numéro se focalisera sur une nation comme le Canada, le Brésil. « Nous espérons en vendre 80.000 exemplaires » conclut optimiste Alain Genestar.

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