Wednesday, March 12, 2014

Les caprices de la Garonne

Le magazine « Des Racines et des ailes » descend le cours du fleuve béni des vignerons mais redouté pour ses colères.
Dans la richesse des paysages français, elle est une pièce maîtresse, mère nourricière des plus grands vignobles et faiseuse de fortune des villes accrochées à ses rivages. Le magazine « Des Racines et des ailes » nous emmène, ce mercredi sur France 3, le long des 600 kilomètres de la Garonne, l'un des fleuves les plus capricieux de l'Hexagone.
Tel un explorateur, la réalisatrice Élise Casta-Verchère va trouver la Garonne à sa source dans les Pyrénées espagnoles. Il a fallu attendre 1931 pour comprendre le trajet souterrain du fleuve. Au pied du massif de la Maladeta, l'une de ses principales sources se cache sous terre et ne rejaillit que quelques kilomètres plus loin. Une naissance dans les profondeurs qui n'empêche pas ces flots tumultueux d'être gage de prospérité.
Au fur et à mesure que les vues vertigineuses se succèdent s'égrènent les protégés du fleuve. Là, les vergers de Comminges où le sol, un ancien méandre de la Garonne, est tellement riche que des passionnés ont pu donner vie à leur rêve de potager bio. La première d'une longue liste de rencontres touchantes. Ne se contentant pas d'aligner les panoramas sublimes, à l'image de cet étrange pont-canal suspendu au-dessus des flots, le reportage donne aussi une tribune aux riverains de la Garonne, qui lui vouent un culte sans borne.
Pourtant, aimer ce fleuve n'est pas de tout repos. Jusqu'à l'instauration de barrages, ses crues redoutées faisaient planer une menace imprévisible sur les vallées : les pluies de printemps et la fonte des neiges issues des Pyrénées et du Massif central entraînaient des débordements indomptables. Agen se trouvait en première ligne mais la ville doit aussi beaucoup à la Garonne, lieu de transit incontournable pour les marchandises, qui favorisa son essor.
Le bois pour la marine de Louis XIV, le marbre destiné à Versailles et les produits agricoles, dont le célèbre pruneau d'Agen, étaient en effet transportés sur les eaux. Agen révèle des hôtels particuliers à faire pâlir Paris de jalousie. Patrick de Carolis arpente la Maison Jailles, dotée d'un escalier monumental qui reproduit les fastes de l'Opéra Garnier.

Des caves monumentales

La Garonne est la bonne fée des épicuriens. Ses berges abritent quelques-uns des grands crus les plus renommés du terroir français : sauternes, entre-deux-mers. Les caves monumentales, comme celle faite d'un mur d'huîtres fossilisées, ont permis aux négociants en vin de jadis de construire des propriétés sophistiquées où se réfugier l'été venu : les chartreuses. Le fleuve a aussi inspiré des bâtisseurs tel Vauban qui posta sur l'estuaire de la Gironde sa citadelle de Blaye, sa plus grande réussite, dira-t-il. L'auteur des Lettres persanes, Montesquieu, vit le jour sous les boiseries du château de la Brède. La demeure a traversé les siècles et su conserver son âme médiévale.Le tracé de la Garonne ne se conjugue pas qu'au passé : ses flots restent une voie navigable pertinente sur laquelle on peut croiser des convois - on ne peut plus modernes - transportant des pièces de l'A380. Le fleuve reste le seigneur de sa région.

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