Saturday, March 08, 2014

La France, eldorado des riches étrangers

Le magazine « Capital » enquête sur ces milliardaires qui acquièrent des joyaux du patrimoine tricolore.
C'est le paradoxe de la crise : alors que les entreprises étrangères investissent de moins en moins en France, des millionnaires et milliardaires internationaux acquièrent, à prix d'or, des fleurons de l'économie et du patrimoine immobilier français. À chaque annonce, comme par exemple celle de la reprise du club du PSG par le Qatar, une même interrogation revient : ces transactions représentent-elles une chance ou une menace pour l'Hexagone ? C'est ce qui a poussé « Capital », diffusé ce dimanche soir sur M6, à mener l'enquête sur ces milliardaires étrangers qui choisissent la France.
Le magazine présenté par Thomas Sotto suit ces privilégiés, de Paris à la Savoie, pour comprendre leurs motivations. Dans la capitale, malgré la flambée de l'immobilier, les appartements de luxe de plusieurs centaines de mètres carrés ont perdu près de 15 % de leur valeur. Certains millionnaires y voient l'occasion d'investir à bon prix, comme cette héritière chinoise qui collectionne les habitations offrant les plus belles vues sur Paris.
À Courchevel, on a fait le pari du tout-luxe pour attirer une clientèle élitiste. La station de ski est la deuxième ville après Paris en nombre d'hôtels 5-étoiles, avec dix-huit établissements, deux palaces, une kyrielle de restaurants gastronomiques et des chalets démesurés avec piscine et terrain de squash.
Mais le reportage le plus passionnant de cette soirée est le portrait exceptionnel consacré au prince qatarien Abdullah al-Thani. Ancien premier ministre du Qatar, il est l'oncle de l'actuel émir. S'il a laissé les caméras de « Capital » le suivre six mois durant, c'est grâce à la persévérance de la réalisatrice Élisabeth Bouteiller. La journaliste était en contact depuis plusieurs années avec l'ambassade dans l'espoir de réaliser un reportage sur l'émir.

Un négociateur chevronné

« Abdullah al-Thani nous a donné un accès sans filtre ni communicant », se félicite Stéphane Martin, rédacteur en chef de « Capital ». On voit donc le prince assister à un match du PSG, y saluer l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Se rendant en France depuis plus de quarante ans, il a appris la langue sur le tas, dit-il, mais la parle quasi couramment. Passionné de chevaux, il cherche un haras en Normandie. À la tête d'une fortune qui se chiffre en milliards d'euros, il se montre un négociateur chevronné. Avec la récession, reconnaît le prince, les prix sont à la baisse, mais il est convaincu que, dans quelques années, la tendance s'inversera. Notamment quand les Chinois s'intéresseront à la pierre. Il a aussi ouvert à « Capital » les portes de son A 340 privé et - c'est une première - celles de l'hôtel Lambert dans l'île Saint-Louis. La rénovation du monument a déjà absorbé 80 millions d'euros.
« Qui d'autre que lui aurait pu engager une telle somme ? interroge Stéphane Martin. « Quand on a tourné, il n'était pas du tout anxieux. Il fait cela pour le Qatar, pour expliquer la raison de ses investissements », note le journaliste. Le petit État du golfe Persique, grand comme la Corse, a déjà investi 12 milliards d'euros dans l'Hexagone, contre 25 milliards en Grande-Bretagne, son ancienne puissance coloniale.
La manne gazière et pétrolière du pays n'est pas éternelle. Accusé d'être mégalo, le Qatar cherche en réalité à s'assurer, avec l'immobilier et son entrée dans les sociétés du CAC 40, des sources futures de revenus. Via l'organisation de la Coupe du monde de football de 2022, le rachat du PSG ou le sponsoring du prix hippique de l'Arc de triomphe, il s'agit aussi de mettre le pays sur le devant de la scène pour en faire une destination touristique incontournable qui supplantera ses voisins comme Dubaï. Une stratégie que le prince développera sur le plateau de « Capital » lors d'un tête-à-tête avec Thomas Sotto.

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