Le crépuscule du « diamant noir »
Le crépuscule du « diamant noir »
Un reportage à la Depardon sur la disparition progressive de
la truffe, dans le cadre d'une soirée consacrée au terroir français.
Faites-vous partie de ces citadins qui rêvent de se bâtir une nouvelle vie au
vert ? Arte met ce fantasme à l'épreuve avec sa soirée sur « Le goût du terroir
» ce dimanche. La chaîne franco-allemande diffuse, en première partie de soirée,
la comédie Bienvenue au gîte. Marina Foïs et Philippe Harrel y campent
un couple de Parisiens qui plaque tout pour un gîte en Provence. Puis Arte
examine un autre symbole de volupté des campagnes : la truffe noire
d'hiver.
L'auteur du documentaire Pour un panier de truffes s'est arrêté à Lalbenque. Cette ville du Quercy héberge un marché qui, au début du XXe siècle, était l'un des plus importants de France. Jusqu'à une tonne du précieux champignon s'y échangeait chaque mardi. Mais le « diamant noir » se fait de plus en plus rare, voire invisible. « Dans les années 1950, les truffes dépassaient du sol, il n'y avait pas besoin de cochon », se souvient, émerveillé, un des trufficulteurs rencontrés par Sylvestre Meinzer. Depuis sont passés par là le réchauffement climatique, le manque de précipitations l'été, l'acidité du sol, le recul des activités agricoles, qui ont laissé non travaillés les terrains où s'épanouissaient les truffières. Désormais, à Lalbenque, seuls 30 kilos de Tuber melanosporum ornent le marché. « Les dieux nous ont abandonnés », se désole une habituée.
« Notre famille est conditionnée par la truffe depuis quatre générations, mais je ne sais pas si c'est un cadeau pour mes enfants », confie Pierre-Jean Pebeyre. « La production avait du sens quand on sortait 800, 400, 200 tonnes par an, mais quand on n'en produit plus que 20, le métier est perdu », estime le patriarche, qui a du mal à croire que la France affiche une production annuelle d'encore 50 tonnes. Un volume divisé par quatre par rapport à 1974.
Or le champignon est devenu un ingrédient incontournable dans l'assiette des gourmets et se décline à foison, de l'huile au chocolat. Pour répondre à cette demande, on fait venir des truffes d'Espagne ou de Chine, on reconstitue l'arôme du champignon. « Les acheteurs ne font pas la différence, la truffe est devenue un produit pour snobs et gastronomes », constate Pierre-Jean Pebeyre. Belle opération commerciale et médiatique, l'aura de la truffe a supplanté peu à peu l'aliment. Sur les marchés, négociants et charcutiers ont laissé place aux touristes en pèlerinage sur la trace du « diamant noir », comme on visiterait l'une des sept merveilles du monde.
L'auteur du documentaire Pour un panier de truffes s'est arrêté à Lalbenque. Cette ville du Quercy héberge un marché qui, au début du XXe siècle, était l'un des plus importants de France. Jusqu'à une tonne du précieux champignon s'y échangeait chaque mardi. Mais le « diamant noir » se fait de plus en plus rare, voire invisible. « Dans les années 1950, les truffes dépassaient du sol, il n'y avait pas besoin de cochon », se souvient, émerveillé, un des trufficulteurs rencontrés par Sylvestre Meinzer. Depuis sont passés par là le réchauffement climatique, le manque de précipitations l'été, l'acidité du sol, le recul des activités agricoles, qui ont laissé non travaillés les terrains où s'épanouissaient les truffières. Désormais, à Lalbenque, seuls 30 kilos de Tuber melanosporum ornent le marché. « Les dieux nous ont abandonnés », se désole une habituée.
De l'huile au chocolat
Documentaire rugueux, dans la lignée d'un Depardon, filmé sur les paysages automnaux et crépusculaires du Sud-Ouest, Pour un panier de truffes est à l'image de ses interlocuteurs : rude à la tâche et taiseux. Pour saisir le savoir-faire en sursis des chercheurs et revendeurs de truffes, Sylvestre Meinzer laisse le silence et les souvenirs s'installer.« Notre famille est conditionnée par la truffe depuis quatre générations, mais je ne sais pas si c'est un cadeau pour mes enfants », confie Pierre-Jean Pebeyre. « La production avait du sens quand on sortait 800, 400, 200 tonnes par an, mais quand on n'en produit plus que 20, le métier est perdu », estime le patriarche, qui a du mal à croire que la France affiche une production annuelle d'encore 50 tonnes. Un volume divisé par quatre par rapport à 1974.
Or le champignon est devenu un ingrédient incontournable dans l'assiette des gourmets et se décline à foison, de l'huile au chocolat. Pour répondre à cette demande, on fait venir des truffes d'Espagne ou de Chine, on reconstitue l'arôme du champignon. « Les acheteurs ne font pas la différence, la truffe est devenue un produit pour snobs et gastronomes », constate Pierre-Jean Pebeyre. Belle opération commerciale et médiatique, l'aura de la truffe a supplanté peu à peu l'aliment. Sur les marchés, négociants et charcutiers ont laissé place aux touristes en pèlerinage sur la trace du « diamant noir », comme on visiterait l'une des sept merveilles du monde.
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