Tuesday, December 14, 2004

Canal+ et les droits du foot: Canal+ remporte une bataille mais pas la guerre

Catherine Vincent : article d'actualité en temps limité (2h) avec une petite brochure faîte d'articles et de dépèches... Gros moment de panique lorsque du coin de l'oeil on voit qu'une horloge tourne aussi vite! Rien d'extraordinaire mais pas la grande catastrophe non plus (j'ai même réussi à finir dans les temps!). Un article de quotidien basique!

Depuis samedi 12 décembre Canal+semble avoir pris l’avantage sur son rival de toujours TPS. Avec une offre de 600 millions d’euros par an sur trois ans, le groupe Canal+ s’est adjugé l’exclusivité des droits de retransmission du championnat de la ligue. C’est la première fois depuis 1999 que Canal+ retrouve le monopole de diffusion des matchs de la ligue. Une bonne nouvelle à priori, l’amateur de foot désireux d’avoir accès à l’intégralité des matchs n’aura plus à s’abonner à Canal Satellite et à TPS, il pourra souscrire directement au premier. Canal+ devrait donc récupérer de nouveaux abonnées.

En vérité c’est pour le groupe Canal+, une victoire à la Pyrrhus. De l’avis de professionnels du football ou de l’audiovisuel comme Etienne Mougeotte, vic-président de TF1, l'exclusivité accordée à Canal+ l'a été à "un prix totalement déraisonnable". Un chiffre inflationniste par rapport aux droits de retransmissions actuels : 305 millions d’euros pour Canal+ et 70 millions pour TPS.

Cependant dans cet affrontement entre les deux bouquets satellitaires, Canal+ avait beaucoup plus à perdre que TPS et ne pouvait se permettre de rater le coche.


Le profil des abonnés a profondément évolué. Si autrefois la prospérité de Canal+ reposait sur les fans de football, les cinéphiles et les amateurs du film pornographique du samedi, la concurrence sur ses deux derniers marchés s’est faite beaucoup plus rude depuis l’entrée en scène de TPS. Conserver les droits de retransmission du championnat de la ligue était indispensable quand 23% des abonnés le sont exclusivement pour le football.

Mais, cette exclusivité a un coût. Pour rentabiliser cet investissement Canal+ devra trouver, selon des experts financiers entre 600.000 à 800.000 abonnés supplémentaires. Un objectif peu réalisable estime Charles de Mortemart, expert chez Dexia. Au mieux Canal + pourrait remporter 150.000 abonnés et autant pour Canal Satellite soit 350.000. Le président du groupe Canal+, Bertrand Méheut, se veut plus rassurant et pense que cette acquisition permettra de rallier à la chaîne crypté un public plus large. Néanmoins prudent, cette dépense va entraîner des ajustements. Le tarif des abonnements va augmenter de 1,1 euro par mois. D’aucuns s’inquiètent des conséquences de cette victoire sur un autre secteur pilier de la chaîne : le cinéma. Payer le prix fort sur le foot implique une moindre marge de manœuvre sur ce domaine. Si Canal+ maintiendra se engagements envers le cinéma français et européen « il sera difficile pour Canal + d'investir ailleurs » concède Bertrand Méheut. De fait, le football coûtera 11€ par mois et par abonné à Canal+ contre2.40€ pour le cinéma.

Cette fragilité financière bénéficie à TPS pour qui cette défaite est une petite victoire. Le bouquet ne perdrait que de 100.000 à 300.000 abonnés mais, contrairement à Canal+, cela ne remet pas en cause sa survie.« L’argent économisé », permet à TPS de se consacrer à d’autres projets et espérer lorgner encore davantage sur les terres de Canal+. TPS fait, en effet, le pari de développer les sports mineurs. TF1 a obtenu l’exclusivité des droits de retransmission des coupes du monde de rugby 2007 et 2011. TPS peut aussi espérer souffler à Canal+ la diffusion des championnats italiens et espagnols qui seront remis en compétition en 2005. D’autres atouts sont dans sa main : l'exclusivité du championnat anglais à partir de 2005 et la diffusion de films de production américaine, jugés financièrement plus intéressants.

Pour autant, le groupe Canal+ n’est pas démuni ni exempt d’arrière-pensées. Si TPS, privée de droits du football, souffrait d’un manque à gagner important, Canal+ serait alors en position de force pour imposer son projet de fusion entre les deux bouquets satellitaires. En attendant le round suivant, les véritables vainqueurs seront les clubs de football français qui se partageront la somme rondelette de 1,8 milliard d’euros.

Monday, December 13, 2004

La constitution européenne expliquée à… : la leçon de pédagogie d’Olivier Duhamel

Chol/Kravetz/Muhlmann: Afin de nous enseigner l'art du compte-rendu (je tiens à préciser que je ne le maîtrise toujours pas!), le trio avait décidé de nous invité Dudu habitué des bancs de sciences-po car professeur émérite de l'amphi Boutmy depuis des lustres à nous donner une conférence de presse impromptue sur l'Europe que nous devions aussi animer, sujet qu'il possède d'autant mieux qu'il a fait partie de la Convention qui a rédigé le projet de Constitution Européènne. palmarès bien amer puisque pour des raisons bassement politiciennes alors qu'il était un des députés français les plus assidus à Strasbourg, il ne fut écarté de l'inestiture PS aux dernières européènnes. Résultat de l'exercice en l'absence de réèlle actualité à l'époque sur ce sujet épineux : énième variation sur "comment racontez une histoire?" quand le sujet vous laisse de marbre!

« Ce que je demande ? Un débat de bonne foi. Ce contre quoi je m’élève, la falsification du contenu [de la constitution européenne] comme cela se produit régulièrement ». Le ton est donné, devant les étudiants de l’école de journalisme de Sciences-Po, Olivier Duhamel, membre de la Convention européenne chargée de rédiger la constitution et ex député européen PS, va s’employer à rectifier les contrevérités dont le texte fait l’objet.

Il s’attache particulièrement aux critiques de gauche. Il récuse l’idée d’une contradiction interne entre l’adhésion à la constitution européenne et une sensibilité de gauche. Les griefs retenus par un homme comme l’économiste Jacques Généreux ne résistent pas, d’après Olivier Duhamel, à un examen approfondi de la constitution et de la réalité européenne.

Les services publics et leur protection ne sont pas oubliés du texte. Ceux qui relèvent des fonctions régaliennes de l’Etat ne sont pas mentionnés car ils demeurent une compétence nationale. En revanche, les services publiques « économiques d’intérêt général » sont expressément cités dans la constitution. « Il y a eu d’importantes pressions de la gauche pour que soit prise en compte dans le texte la spécificité des missions des services publiques». « Avec mes collègues Savary et Herzog, nous nous sommes battus pour imposer une directive cadre sur les services publiques mais il y avait un vide dans la loi européenne. Il est maintenant réparé ».

Quant à la deuxième source d’inquiétude de Jacques Généreux, l’absence de l’affirmation du principe de laïcité, Olivier Duhamel se veut pragmatique. Ce concept ne pouvait être évoqué dans une constitution européenne car la laïcité est avant tout une réalité française qui n’a ni équivalent et ni traduction dans l’Europe des 25. « Pouvions nous nous opposer à ce que le roi du Danemark soit le chef de l’Eglise danoise? » s’interroge-t-il.

Olivier Duhamel s’en prend ensuite aux idées reçues les plus courantes sur la constitution. Visée, la prétendue impossibilité de réviser le texte. Pour le politologue c’est faire peu de cas des travaux qui ont précédé son approbation le 18 juin. Près de 400 points ont été modifiés et la Convention a pu fonctionner à 28 (pays membres, candidats et observateurs). De même, après 6 mois de blocage de l’Espagne et de la Pologne, le texte fut adopté par les 25 ce qui montre qu’une révision de la constitution est faisable.

Il relativise également les conséquences d’un non aux référendums de ratification qui se dérouleront en Europe. Si juridiquement, un vote négatif arrête la procédure et que l’on revient aux traités précédents, les retombées politiques sont plus difficiles à prévoir. Si le refus est le fait d’un petit pays comme Malte, rien ne sera stoppé. Si le rejet vient de la France, Olivier Duhamel semble moins alarmiste que ses collègues du parti socialiste. Il n’envisage pas de scénario catastrophe. Ce rejet sera interprété par les partenaires de la France comme le signe que les Français ont besoin de temps et qu’il faudra aller plus lentement dans la construction européenne.

Quant à sa « part de vérité », Olivier Duhamel restera, faute de temps, discret sur les points de la constitution qui lui sont difficiles à défendre même s’il avoue regretter le rétablissement de l’unanimité en matière de coopération étrangère et d’harmonie fiscale. Et pour finir, il conteste une ultime idée fréquemment répandue. « Etre de gauche aujourd’hui, ce n’est pas faire le bonheur du monde. C’est se battre pour réduire le malheur des gens. »

Wednesday, December 08, 2004

Why French people still love Napoléon...

Matthew Kaminsky: nouveau petit venu du légendaire Wall Street Journal qui a inventé le terme anglais désignant la révolution orange ukrainienne "the chestnut revolution" et qui nous enseignait le journalisme à l'anglaise, classe dans laquelle je me suis précipité aussi bien pour revivre les sensations fortes d'Irlande que pour échapper aux cours de radio et à mon trac insupportable. Une des particularités de ce cours était que l'on pouvait écrire sur n'importe quel sujet...et en panne d'inspiration et influencée par une série récente de papiers que mon père avait fait pour Marianne et le Figaro Magazine, je me suis également mise en tête de scribouiller sur ce grand homme. Seulement j'ai vite peru mon angle "pourquoi les Français l'idolâtrent" pour partir dans une bien trop longue analyse historique, un peu calquée sur celle de DJ^^;...mais inventer des néologiqmes était sympathique ^^ Qui sait, rendez-vous le 2 décembre prochain pour feter le bicentenaire d'Austerlitz comme il se doit!



A strange fever has taken hold of France : the Napoleomania. Since the beginning of December, France is celebrating enthusiastically the bicentenary of the coronation and anointing of Napoleon and the proclamation of Empire which took place December 2nd 1804: with a proliferation of books, exhibitions of paintings by David, jewellery or auctions, special issue of magazines.

At first sight, this Napoleonic fetishism seems to be schizophrenic. French Republic is honouring the murderer of the democratic ideal of the French Revolution. Did Napoleon not invent with the Brumaire coup of 9-10 November 1799 modern totalitarianism? In many ways, his rule announces twentieth century dictators like Hitler or Stalin. He practised political assassination like the kidnapping of the duke of Enghien. He developed a secret police under the direction of Fouché. As a war-hungry leader, He waged war all over Europe from West (Spain) to West (Russia). He resorted to propaganda through art with David when the painter manipulated historical reality by erasing or adding persons in his paintings foreshadowing Stalin’s alterations of pictures. He created also his legend and constantly lied about himself. There were small anecdotal lies like the nature of his parents’ union that were not legally married but also state lies. For example, during the Russian’s campaign, he remained tight-lipped about human loss but was constantly babbling about horses’ deaths. The list of his sin seems endless. Should French people not condemn it straight away?

Upon closer inspection, Napoleon’s case is more complicated. A survey published in the weekly Figaro magazine revealed that he has been forgiven. French citizens recognize the emperor for what he was : a great statesman (37%) but also a tyrant (26%). They accept his whole legacy: the institutions he created like the French Central Bank or the “lycées” as well as his dark legend: the death on the battlefield of thousand of young men.

This modern plebiscite casts a doubt over the accuracy of the comparison between the Consulate, the First Empire and the Third Reich. If Napoleon did not trouble himself about the rights of opposition or freedom of the press, he could show some restraint. His arch enemy Germaine de Stael was only forbidden from coming closer than a twenty miles radius of Paris. Similarly, Chateaubriand who looked back nostalgically to the monarchy, was tranquilly sulking in his Ile de France’s castle. But above all, Napoleon has historical extenuating circumstances.

The new found love for the Corsican General can be explained by a different look at the French revolution. Two hundred years after the taking of the Bastille, the French are coming to terms with this founding but bloody episode of their History of which Napoleon was a part but also a victim. He had the ungrateful task of ending it. But in order to fulfil his mission, he had no other choice than to impose an authoritarian government. Following the Terror and the Directory, the country is weakened by a generalised corruption of its elite and on the verge of bankruptcy: only 160.000 francs are left in the state coffers and the taxes are uncollected. Anarchy is reigning : there is no police anymore and bandits are roaming on the roads. The war against Russia and Austria is turning to the disadvantage of France. Revolution is not synonymous anymore with freedom but with disorder. French people are not protective of its institutions such as the National Assembly and welcome the iron grip of a man who goes from victory to victory, who is able to re-establish a financial, moral and public order. Thus, nobody will stand up against the Brumaire putsch. On the contrary, the takeover will be approved by an overwhelming majority during the first plebiscite. This popular support begins to waver when the emperor undergoes his first military defeats and when French people begin to feel the economic and human burden of war.

Napoleon is also not the only one to blame for the perpetual warfare that France is experiencing under his rule. The other culprit is again the Revolution. Napoleonic wars were the continuation of the Revolution wars. These conflicts were not only about territorial conquests, but also about ideology: royalty vs. democratic principles. Napoleon has not completely renounced the Revolution’s values such as civil equality or religious freedom. Europeans monarchies could not afford to run the risk of a “revolutionary” contagion and therefore were not inclined to make peace with the young expansionist nation as is shown by secret protocols signed by France’s neighbours aimed at bringing back France to its 1789’s frontiers. The United Kingdom’s intransigence with the breaching of the 1802 treaty is a case in point. War was a vicious circle Napoleon helped to create. As long as he was victorious, he was encouraged to extend unreasonably his conquests and not to negotiate with doubtful interlocutors. Once his fortunes turned, he was not anymore in a position to make compromises. All his proposals of territorial restitutions were turned down in 1813 and 1814.

We must not entirely judge Napoleon by our modern criteria. At the time, France was more democratic than its neighbours. Napoleon’s initiatives were sometimes admired outside France. Until 1808, Germans were quite enthusiastic about his reforms such as the civil code or his reorganisation of the Germanic Confederation from hundreds of little kingdoms to forty dukedoms.

Another reason for Napoleon’s popularity is his omnipresence. His achievements have survived the test of time. We experience them in our daily life. He deeply transformed Paris where many monuments, streets bear his name or memories. His shadow is still hovering over institutions he created and that have shaped France like the Civil Code, the “Conseil d’Etat”, the administrative organisation of the country with the prefects, the centralisation of the state. Some deems him “ Europe’s father” by helping spreading the Revolution’s ideals or enforcing the state’s modernisation. His wish to see a united Europe under France’s leadership foreshadows the European Union. All countries had the same constitution.

If Napoleon was a dictator and he was, he was also an enlightened and visionary despot. And more simply, a man who won everything before lost it. A tale of human failure that makes him endearing to French citizens.


Tuesday, December 07, 2004

Les combats de Paris Match et d’Alain Genestar

Catherine Vincent: pour passer l'éponge sur notre hors-sujet précédent, la demoiselle nous proposa un second sujet et éminent aristocrate du journalisme à examiner: Alain Genestar, le bienheureux papa de Paris-Match. Cependant malgré cette seconde chance, j'ai encore un peu dévié du sentier qui m'était fixé à savoir "quelle est la vision de Paris-Match d'Alain Genestar?" pour aboutir à une chose bizarre sur les projets futurs du titres ^^; bref un texte entre deux eaux et un dérapage incontrolé!

Directeur de Paris-Match depuis 5 ans, Alain Genestar pourrait se satisfaire de la position dominante de son magazine, 727.000 exemplaires vendus par semaine. Mais de passage à l’école de journalisme de Sciences-Po, c’est un homme soucieux d’imprimer sa marque et de développer son titre, qui est apparu.

«Créer une édition américaine de Paris-Match, bien sûr que ça nous démange. Hachette est le quatrième groupe de presse aux Etats-Unis mais pour faire revivre Life qui est notre modèle, il faut être plus fort que les autres» concède-t-il. Pourtant, il est le premier à admettre que les récentes tentatives de diversification du magazine ont échoué. L’internationalisation du titre n’a pas rencontré le même succès que d’autres fleurons du groupe Hachette-Fillipachi comme Elle. Madrid-Match et Moscou-Match n’ont connu qu’une existence éphémère. L’expérience télévisuelle de Match TV a tourné court, «Il nous manque les stars. Avec quelques milliers de spectateurs, elles ne viennent nous voir qu’une fois par politesse ».

Aux sources de ces échecs, l’âme de Paris-Match. Sa tonalité française. Il est difficile d’exporter le concept d’un journal d’actualité. Alors que la mode véhicule un message universel, un newsmagazine reflète la culture de sa rédaction. Tout article en devient suspect. « Un papier sur l’Irak dans une édition étrangère de Paris-Match ne serait pas crédible, les lecteurs y verraient le regard français » commente Alain Genestar.

Autre handicap : le mélange des genres entre sujets d’information et people, marque de fabrique du journal. « Cette formule serait incompréhensible ailleurs, Paris-Match ne peut se le permettre que parce qu’il est numéro un et qu’il attire les personnalités qui font l’actualité». Et Alain Genestar se défend de tout populisme et voyeurisme dés qu’on l’interroge sur ce savant équilibre.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous mettons Renaud en couverture mais si nous avions choisi l’Ukraine, nous aurions perdu entre 50.000 et 100.000 acheteurs ». La couverture est conçue comme « l’access prime-time » d’une chaîne de télévision. En l’absence d’une actualité forte, un sujet léger se vendra mieux qu’un sujet sérieux. C’est une question de vie ou de mort, Paris-Match doit préserver et agrandir son audience (4 millions de lecteurs). Paradoxalement, face à cette obligation marketing, l’hebdomadaire ne renonce pas à sa mission d’information et premier amour, le photojournalisme. Paris-Match a le devoir de cerner au plus près la vérité au risque de s’y brûler. Suivre cette ambitieuse politique suppose des choix éditoriaux délicats qui requièrent du professionnalisme. «L’actualité internationale s’est durcie : attentats, guerres civiles, les photos que nous recevons sont de plus en plus violentes ».Est publié tout ce que les journalistes et photographes voient. Il n’est pas question que les lecteurs soient des citoyens moins informés quitte à choquer. « Nous préférons l’excès à la suffisance »

Pour l’heure, un projet mobilise les énergies : le lancement de Match du monde au printemps 2005. Ce bimestriel inspiré du succès de Match en Chine, magazine francophone pour les Français amoureux du pays, se veut un remède aux problèmes de diversification de Paris-Match. Match du monde est destiné au marché hexagonal et chaque numéro se focalisera sur une nation comme le Canada, le Brésil. « Nous espérons en vendre 80.000 exemplaires » conclut optimiste Alain Genestar.

Monday, December 06, 2004

Les désarrois du militant Patrick

Chol/Kravetz/Muhlmann: pour célébrer le référendum interne au PS sur la constitution et le sacre de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP au Bourget, on nous avait passé commande d'un portrait d'un militant ordinaire PS ou UMP... Préssée par le temps, je me suis précipité chez mon tonton :) (et oui déjà je me tournais vers vous!). Il faut également saluer la collaboration d'Hubert qui est passé sous la plume de Sarh et celle d'un ami de mon tonton sous celle de Fabienne !

Mercredi dernier, Patrick Saintville, 63 ans, a voté oui lors du référendum interne du PS. « Il faut être réaliste, si nous avions voté non, avec quels gouvernements européens aurions nous pu négocier une autre constitution ? Ils sont tous à droite ! ». Les menaces sur l’unité du PS n’ont pas influencé son vote, des instants critiques pour le parti socialiste, il en a connu depuis son adhésion en 1973. Suite logique de son engagement à la CFDT et de sa sensibilité de gauche. L’adhésion de ses amis et de sa future femme lui fera sauter le pas.

Manifestations, réunions, rédaction et distribution de tract, Patrick y consacre jusqu’à une heure par jour en période électorale. Pourtant, son engagement n’est pas aveugle, il sera exigeant, fait de ruptures et de retours.

Après la défaite du PS aux législatives de 1977, la zizanie s’installe dans la section -batailles d’égos-, Patrick démissionne. Mais, à l’approche des présidentielles de 1981, il décide, en 1980, de revenir au bercail. Cadre à Air France, il participe à la commission de l’équipe de campagne de François Mitterrand sur le transport aérien. C’est à l’époque que Michel Rocard, Ségolène Royal ou Laurent Fabius entrent dans sa section, celle du 6ème arrondissement, terre de mission. Mais c’est sur le terrain que Patrick vit ses meilleurs souvenirs de militant. « Au deuxième tour, les colleurs d’affiches de Jacques Chirac nous ont donné tout leur matériel, y compris des autocollants anti-Valery Giscard d’Estaing ! »

Cependant les années de la gauche au pouvoir ne seront pas un chemin de roses. « Nous avions été dans l’opposition toute notre vie, nous n’avions pas de culture de gouvernement ». Patrick vit dans le désenchantement le grand virage social-démocrate du PS. « Sans doute cette évolution était inévitable, dés lors que nous étions au pouvoir » reconnaît-il.

Dans la foulée du Congrès de Rennes, Patrick claque à nouveau la porte du PS en 1990. Pas à cause de la lutte des chefs au sommet mais des bizarreries observées dans sa section. « Une quinzaine de nouveaux adhérents, tous employés du Lucernaire ont voté Rocard puis on ne les a plus jamais revus » explique-t-il. Il réintègre le PS en 1994 pour s’investir dans la campagne présidentielle. De 1998 à 2001, il rejoint l’équipe de campagne de Delanoë et s’attèle aux questions budgétaires avant de rentrer dans le rang. « Je n’avais pas d’ambitions politiques autre que la victoire » dit-il.

Fort de son expérience, il relative les convulsions européennes du PS. Ce débat de fond était une excellente initiative : « Les media ont dramatisé en personnalisant à outrance le débat. Tous mes camarades n’ont pas voté pour Fabius ou pour Hollande mais en fonction de leurs convictions ». Pour lui, Fabius doit rester au secrétariat national du parti et le PS se concentrer sur son programme pour les présidentielles. Quant à lui, il n’envisage plus de quitter le PS. « Je me suis toujours senti de gauche et puis ma section, c’est ma famille, j’y ai beaucoup d’amis » ajoute, en souriant, Patrick récemment divorcé.

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