Monday, March 28, 2005

French Putsch at Brussels EU summit

Sophie Pedder: Nous entrions sans le savoir dans un long tunnel consacré au réferendum sur la Constitution Européenne. Une obssession qui fut l'occasion pour l'esprit imaginatif de Sophie de multiplier les exercices de style et les angles. Terriblement formateur ^___^. Le premier de cette série est un de mes préférés car il me permeit de renouer avec mon pays d'adoption, l'Irlande. Soit narrer le sommet de Bruxelles consacré...à la libéralisation des services(un boulet que je rencontrai à nouveau à la Commission) d'un point de vue d'un journaliste d'un des 25 Etats membres. Et pour une fois sans même le savoir j'avais fait une excellente pioche. Qui succédait à Bolkenstein, un Irlandais pardi, le très controversial Charlie McCrevy, ma chute fut toute trouvée :). Revoir ces textes si joliment écrit en anglais me remplit d'une certaine nostalgie (pouvoir épeller Taoiseach était un autre de ces plaisirs interdits!), comme j'aimerais pouvoir en faire autant de nos jours... Mais je crains, hélas, d'avoir quelque peu perdu à l'écrit... Snifff!




French Putsch at Brussels EU summit

Following a two-day fractious meeting in Brussels, European leaders have bowed to the French President‘s pressures to thoroughly revise the services directive better known ad the Bolkestein directive. A decision which puts Ireland in the spotlight and makes it responsible for the fate of the EU Constitution.

The directive is not only a key element of the Irish Commissioner (Charlie McCreevy) portfolio as Internal Market Commissioner but a failure to redraft the plan might also threaten the implementation of the EU Constitution, which needs the backing of all members to go into force.

As a matter of fact, the plan which has been drafted by McCreevy’s predecessor, Dutch Commissioner Frits Bolkestein, could lead to a “no vote” in the French constitution referendum. The proposal allowing service providers to operate under the same rules across the EU has bedevilled the campaign and is a key argument of the “no camp”, which recent opinion polls have shown leading the race.

The directive is little known and unquestioned in Ireland where it has been perceived as a blessing by government and as a mean to grab some of the 600 000 jobs the directive is expected to create. Although there will be some loss such as the pharmacy sector, the gains are believed to outweigh them “As a small, open economy, Ireland is dependent on open markets, and the plan to liberalise the market in services will benefit Ireland” Mr Cowen, Finance minister has recently declared. However, the directive has become in France an object of hate and mass demonstrations.

Following enlargement, it is feared that the new directive will enable social dumping if it becomes law. The opponents of the legislation believe France, already weakened by a sluggish economy, will be overwhelmed by cheap labour stealing millions of jobs. Since the services directive symbolizes everything that's wrong about Europe and since French are not allowed to vote against it, they are ready to reject the Constitution which is also condemned for being too liberalism-friendly and endangering the “European social model”.

To prevent such a result and to appease the ire of France, and Denmark and Sweden, which have rallied Jacques Chirac’s fight, European statesmen and Commission members have thus on Wednesday agreed to alter the text.

Charlie McCreevy, has acknowledged the directive is unacceptable in its current form. He promised to exempt healthcare and other public "services of general interest" from the project, in order to dispel fears that the directive could lead to the privatisation of public services. He has also assured member states and MEPs, who are now considering the plan, that he would heartily welcome amendments to ensure it does not lead to social dumping and to define more clearly the "country of origin" principle.

Even, the Taoiseach, Bertie Ahern, a convinced advocate of the directive has declared it was clear that changes were necessary but underlined that it did not mean a withdrawal of the plan.
"It was made absolutely clear by the Presidency last night and by the Commission and by everybody else that there is no question of scrapping it, no question of starting again. It is a question of trying to work to get the necessary compromises based on the input by interested parties to try to get it right"

However, this concession does not go without compensation. Commission members such as its President Jose Manuel Barroso and European politicians are very critical of the attitude of French political leaders. They accuse them of failing to promote the Constitution properly. The ball is now in the court of French politicians. It’s up to the “Yes camp” to disentangle the debate on the constitutional treaty from the Bolkestein issue and to secure a “yes vote” on May 29th.

600 words

Friday, March 25, 2005

Charles Baron vu par sa femme...(2)

Alain Genestar : Même si se raturer, se racourcir fut douloureux. Cette version abrégée demeure ma préférée, débarassée de tout le superflu pour n'aller qu'à l'essentiel. Un des rares textes que je renie pas et qu'au contraire j'accueille dans mes bras. Merci Alain!

Charles Baron vu par sa femme : l’homme qui a traversé la mort et n’en est jamais revenu

Sur le sol enneigé de Pologne, Micheline est emmitouflée dans une longue parka noire. Elle accompagne son colosse de mari. Elle reste quelques mètres en arrière, prête à le soutenir. « Charles, il a tout mon regard, toute mon admiration ».

Ce duo synchrone dure depuis 55 ans. En 1948, Micheline rencontre Charles dans un cour de danse. Deux ans plus tard, elle lui demande de l’épouser. Il refuse : les stigmates de la déportation sont trop proches. Il porte encore un corset et lui assure qu’il ne passera pas l’année. Qu’importe pour Micheline.

Il lui confie sans réticence tous ses souvenirs d’Auschwitz. Elle le comprend. A l’instar de Charles dont les parents sont morts à Auschwitz, Micheline y a perdu son père. Ils sont désormais de tous les combats : fils et filles de déportés, amicale d’Auschwitz...

« Il faut que les gens écoutent et sachent et ils peuvent le faire d’autant mieux lorsqu’ils ont en face d’eux quelqu’un qui a vécu le drame », analyse Micheline. Charles va témoigner en Pologne au moins deux fois par an. Des visites qui tourmentent Micheline : « Chaque fois qu’il revient, même s’il a l’air de rester composé, il est détruit et vide ». Un rythme qui a poussé Micheline à lui demander de diminuer la cadence avant de raccrocher sa veste dans les deux ans qui viennent.

Cet héritage est difficile à porter pour leurs deux filles. Ce n’est qu’en janvier que l’aînée a exprimé son malaise devant cette omniprésence du génocide. Une pièce de leur appartement parisien y est entièrement consacrée. La jeune fille a demandé à son père d’en discuter entre quatre yeux. Sa mère reconnaît aujourd’hui qu’elle n’avait rien remarqué. « Je pensais que si elle consultait un psychologue c’était parce qu’ un petit ami l’avait quittée. Peut-être en a-t-on trop parlé ».

La guerre et ses souvenirs sont gravés dans la chair. Comme cette manie qu’a Charles, lui qui a tant souffert de la faim durant sa déportation, de ne pouvoir s’endormir sans nourriture et sans un verre de lait sur la table de nuit. « Nous n’avons jamais laissé la guerre derrière nous pour aller de l’avant. Comme je n’accepterai jamais la mort de mon père, Charles, lui, affirme souvent qu’il n’est jamais sorti des camps »

2200 signes
Constance Jamet

Monday, March 21, 2005

Charles Baron vu par sa femme... (1)

Alain Genestar : l'unique travail que nous accomplîmes avec le seigneur de Paris Match. Une rareté que je ne regtrette pas, toutes nos séances avec lui furent mises au profit de la conception d'un magazine hors-série consacré à notre voyage en Pologne lors de l'anniversaire de la libération des camps. Pour moi, le sujet fut tout trouvé car c'était le seul que j'avais creusé : la vie de Micheline, épouse et fille de déportée... Une petite dame formidablement brave.

Ce travail de fourmis fut l'occasion de retoucher chirurgicalement le texte pour l rendre le plus percutant possible d'où une perte de poids drastiques entre une version longue et babillante à une interprétation courte et sobre. A vous d'apprécier les choix éditoriaux.

Charles Baron vu par sa femme : l’homme qui a traversé la mort et n’en est jamais revenu

Pas à pas sur le sol enneigé de Pologne elle le suit. Petite forme emmitouflée dans une longue parka noire, elle accompagne ce colosse. Elle reste quelques mètres en arrière, prête à le soutenir. Lorsqu’il s’avance ému vers la plaque commémorative située le long de la Judenramp à Birkenau, c’est elle qui l’aide à déblayer la neige qui la recouvre. « Charles, il a tout mon regard, toute mon admiration » professe avec ferveur son épouse, Micheline Baron.

Ce duo synchrone dure depuis près de 55 ans mais dés le début la Shoah s’y est immiscée. Micheline, invitée par son amie Simone, rencontre Charles dans un cour de danse en 1948. Charmée par sa gentillesse, elle le revoit. Elle lui demande alors en 1950 de l’épouser, proposition qu’il s’empresse de refuser. Les stigmates de la déportation sont trop proches. Il porte encore un corset et lui assure qu’il ne passera pas l’année. Qu’importe, Micheline lui réplique qu’elle sera une « jeune veuve » heureuse et qu’il n’y a pas de meilleur destin d’être une femme seule dans la fleur de l’âge.

Il lui confie sans réticence tous ses souvenirs d’Auschwitz. « L’histoire des petits Lituaniens que les Allemands ont fait parader avant de les gazer est la première qu’il m’ait racontée. Je voulais comprendre, nous avons toujours parlé entre nous puisqu’à l’époque personne ne voulait nous entendre.» Ce besoin de partager, ils le doivent aussi à une histoire commune. A l’instar de Charles dont les parents sont morts à Auschwitz, Micheline y a perdu son père et a traversé la guerre cachée dans une famille d’accueil dans le Poitou.

Ensemble ils s’embarquent dans une existence rendue difficile par le manque d’argent. « Charles a eu la malchance » dit Micheline « de retrouver, contrairement à d’autres déportés, à son retour en France des membres de sa famille et de ne pas avoir été aidé comme orphelin de guerre. Sa tante l’a poussé à travailler au lieu de lui permettre de reprendre ses études. ». Maroquinier, ouvreur, vendeur de sanitaires, Charles multiplie les emplois. « Charles a beaucoup de dons mais il n’a eu aucune opportunité » murmure-t-elle en évoquant ses « commentaires » de livres publiées dans le Monde Juif et l’Amicale d’Auschwitz ou son travail en tant que membre du comité de rédaction de la revue Mémoire de la Shoah.

Ce travail de critique est seulement un des aspects de l’engagement complet de Charles à la mémoire de la Shoah. Lui et Micheline sont de tous les combats : fils et filles de déportés, amicale d’Auschwitz et de Drancy. Micheline organise des expositions sur la vie des Juifs sous l’occupation, Charles lui témoigne en France et à l’étranger, inlassablement.

Une responsabilité essentielle : « Il faut que les gens écoutent et sachent et ils peuvent le faire d’autant mieux lorsqu’ils ont en face d’eux quelqu’un qui a vécu le drame » analyse Micheline. Ces témoignages, en particulier face aux lycéens, le ramènent régulièrement en Pologne, au moins deux fois par ans. Des visites qui tourmentent Micheline « Chaque fois qu’il revient, même s’il a l’air de rester composé, il est détruit et vide ». En 2005 Charles s’est déjà rendu sur les lieux de son clavaire trois fois entre commémoration et sensibilisation des jeunes, un rythme qui a poussé Micheline à lui demander de diminuer la cadence avant de raccrocher sa veste dans les deux ans qui viennent.

Un héritage des camps également difficile à porter pour leurs deux filles. C’est seulement depuis le mois de janvier que l’aînée a exprimé son malaise devant cette omniprésence du génocide qui occupe une pièce entière de leur appartement et la complicité trop forte entre ses deux parents. Elle a demandé à son père un entretien particulier, entre lui qui parle tant et elle qui s’est tut, pour enfin discuter. «Je ne l’ai pas vu, j’ai toujours considéré que si elle consultait un psychologue c’était parce qu’ un petit ami l’avait quittée mais peut-être en a –t-on trop parlé » reconnaît sa mère.

Mais pour elle, la guerre et ses souvenirs sont gravés dans leurs chairs. Ainsi cette manie qu’à Charles de ne pouvoir s’endormir sans nourriture et verre de lait à coté de son lit, lui qui a tant souffert de la faim durant sa déportation.

Elle confie douloureusement « Nous n’avons jamais laissé la guerre derrière pour aller de l’avant. Comme je n’accepterai jamais la mort de mon père, Charles, lui, affirme souvent qu’il n’est jamais sorti des camps ».

Une marque au fer rouge qui apparaissait déjà en filigrane d’autres témoignages comme Jorge Semprun qui déclarait dans l’Ecriture et la Vie « Cette traversée de la mort devenait la seule réalité pensable, la seule expérience vraie. Tout le reste n’a été qu’un rêve depuis ».

3880 signes
Constance Jamet

Monday, March 14, 2005

Une conférence de presse à l’UMP : parler pour ne rien dire

Anna Bitton: L'UMP m'ayant portée chance lors de mes précédents articles, pour moi le choix était simple, hors de question de s'affranchir du tallissement de la rue de la Boétie. Tous les pretextes étaient bons pour y retourner y compris la conférence de presse hebdomadaire animée tous les lundi par Valérie Pecresse, une des quatre porte-paroles du mouvement - l'ironie voudra que lors de mon stage au Figaro j'y sois également abonnée!. Un rendez-vous qui pour les habitués du lieu est un véritable pensum comme je le découvris à mes dépens. En effet, sauf actualité percutante et scoopesque, l'exercice est des plus convenus et manque d'entrain. Seuls les journalistes des agences et de chaines d'info font le déplacement, ces images et ce son ça ne mange jamais de pain! Un endormissement général qui me conduit à un de mes défauts préférés et empoisonnats : la logorée verbale par peur de la page blanche! ce qui me poussa ensuite à ratiboiser mon papier par tous les bouts, ce qui me conduisit à supprimer ce qui aurait dû être le pivot de ma prose. Que Valérie Pecresse était chiraquienne et que son allégance à Nicolas Sarkozy pouvait être soumise à de nombreuses interprétations! Damned ! Le trop est décidemment l'énnemi du bien!



Une conférence de presse à l’UMP : parler pour ne rien dire

Dés le hall d’entrée du 55 rue de la Boétie, le message est clair : tout va bien, tout va au mieux pour l’UMP. Deux écrans affichent les nouvelles adhésions de la journée (496), le nombre d’adhérents à jour de leurs cotisations (76500 sur plus de 120 000). Même enthousiasme au premier étage, dans la salle de presse où Valérie Pecresse, un des quatre porte-parole du parti va tenir la conférence de presse hebdomadaire de l’UMP. Au bout de 15 minutes de retard la député des Yvelines fait enfin son apparition. Bon genre dans un élégant tailleur pantalon noir et chemisier à fleurs. « l’actualité est chargée » s’exclame-t-elle tout en serrant chaleureusement la main des dix journalistes présents. Bienvenue pour une demi-heure de langue de bois.

Actualité chargée de louanges tressées au grand Nicolas Sarkozy, réélu député de Neuilly, la veille, au premier tour. « Toutes les félicitations de l’UMP vont à son président, c’est une voix forte qui revient dès demain dans l’hémicycle. Il y a un incontestable effet Sarkozy dans les Hauts de Seine ». Et d’enfoncer le clou. Valerie Pecresse cite avec volubilité les réformes entreprises (Réforme de la loi Galland, baisse des impôts) par l’ancien ministre pendant son passage à Bercy, comme autant de preuves de la politique sociale du gouvernement. Et à propos, qu’on le sache, il n’y a pas de crise de leadership à l’UMP entre ses trois dirigeants naturels : Jean-Pierre Raffarin, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Et elle balaie du revers de la main l’idée d’une rivalité entre Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée et le nouvel élu de Neuilly.

Le gouvernement a droit au même satisfecit. La porte-parole le félicite pour sa « détermination à poursuivre une politique cohérente ». Etonnants compliments quand, quelques jours auparavant, Renaud Dutreil, ministre de la fonction publique, déclarait une augmentation de salaires impossible faute d’argent dans les caisses de l’Etat. Autre revers, dés le lendemain, Nicolas Sarkozy déplore que le gouvernement « suive au coup par coup » ! Apparemment Valérie Pecresse n’était pas dans le secret du « dieu ».

A la question de savoir si François Bayrou a accepté la proposition du chefs de l’UMP de faire un meeting commun à Strasbourg mercredi, même ignorance. Elle demande embarrassée « comment êtes vous au courant de cette invitation ? Est-ce que Franck Louvrier [directeur de la communication de l’UMP] est là ? Non ? alors désolée je ne peux pas vous répondre. ». Beaucoup plus loquace sur ses goûts musicaux, elle retrouve le sourire lorsqu’elle évoque la réunion des jeunes du parti populaire européen dont la soirée est animée par le DJ Bob Sinclair. « Je vais enfin pouvoir le rencontrer. Comme quoi la politique permet de réaliser ses rêves d’enfant » s’écrie elle. Surprenant pour cette jeune femme à l’allure bourgeoise.

Du référendum ? de la campagne pour le oui ?Malgré la présence d’une grande affiche, où le drapeau européen se reflète dans les yeux d’une jeune fille et la publication, le matin même, du premier sondage donnant le non vainqueur, pas un mot ! Si ce n’est lorsque la porte-parole condamne avec force les propos d’Henri Emmanuelli. « L’UMP tient à exprimer une solennelle mise en garde à Henri Emmanuelli, nous ne craignons qu’il ne marche sur les plates-bandes de M. Le Pen ». faut-il voir dans cette ingérence comme une collusion entre l’UMP et le PS sur le oui ?Valérie Pecresse est loin de récuser le terme « Axe Hollande-Chirac » dont le secrétaire du PS essaie de se défaire. « Est-ce une caricature ? ce n’est pas une caricature de dire que ces deux chefs sont pour le oui ».

Ce moment de vivacité passé, la député répète à nouveau un discours bien huilé aux cameras de LCI « bien sur que l’UMP soutient la politique du gouvernement… ». Les journalistes remercient « on avait besoin d’images et de son ». Parler pour ne rien dire tel aurait pu être le message délivré par Valérie Pecresse, ce lundi 14 mars 2005.

3850 mots